Louis Guédet

Lundi 22 juillet 1918

1410ème et 1408ème jours de bataille et de bombardement

5h soir  Beau temps. Durant la nuit des avions allemands ont survolé nos contrées, vers Vitry-le-François le canon a tonné. Une bombe à Loisy, une à Songy qui n’a pas éclatée. Ils ont blessé avec leurs mitrailleuses un soldat du poste de La Chaussée qui se trouvait dans un groupe d’habitants qui s’était formé en pleine route. Par ce clair de lune ils ne pouvaient qu’attirer l’attention. J’espère que les habitants comprendront qu’il vaut mieux rester chez eux que d’aller bayer aux corneilles. Communiqué toujours bon, nous avançons toujours. Été à La Chaussée cet après-midi porter mon courrier qui n’était pas très volumineux.

Lettre de Dondaine me disant qu’il avait trouvé jeudi Épernay vide de ses habitants et de ses administrations ! Que le Procureur de la République avait été obligé de fuir à pied de la ville pour gagner Sézanne. La Recette des Finances serait à Fère-Champenoise. Bref cela a dû être la fuite éperdue. J’aime mieux l’attitude de nos rémois ! qui eux ne voulaient pas s’en aller de leurs ruines quand même. Dondaine m’apprend que Petizon le caissier du Comptoir d’Escompte de Paris venait d’être tué à Épernay après avoir appris la mort de son 2ème fils tué à l’ennemi. Singulier type que ce Petizon, mais très courageux.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils


Cardinal Luçon

Lundi 22 – Réunion de M. Sainsaulieu, M. Simon (peintre verrier), M. Huart gardien de la Cathédrale de Reims, pour lire ensemble la Note des Allemands transmise par le Pape, et concerter la réponse aux nombreux articles du Mémoire allemand, formules jour par jour. Lettre à Mgr l’Évêque d’Angers pour lui notifier notre évacuation d’Hautvillers

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 22 juillet

Nos troupes sont entrées dans Château-Thierry.
Des combats violents sont en cours au nord et au sud de l’Ourcq et entre la Marne et Reims. Malgré la résistance acharnée des Allemands, nous avons continué à progresser.
Les Anglais ont capturé quelques prisonniers et des mitrailleuses, au cours de raids et le rencontres de patrouilles au sud-ouest de la Bassée et dans les secteurs de Merville et de Dickebusch.
En Macédoine, l’ennemi a tenté sur les positions italiennes dans la boucle de la Cerna des coups de main, qui ont été brillamment repoussés. Les Bulgares ont subi des pertes sérieuses.
Les aviations alliées ont exécuté avec succès les bombardements sur les étab1issements au nord d’Okrida.
Les Ita1iens ont obtenu un nouveau succès dans les montagnes d’Albanie.
Un détachement d’avions de la marine ang1aise a bombardé les hangars à zeppe1ins de Tondern (Slesvig). Un double hangar a été complètement détruit. Un second Hangar a été attaqué : il a été impossible de vérifier si la destruction était complète. Quatre avions ne sont pas rentrés, mais on sait que trois d’entre eux ont atterri sur le sol danois.
Nos alliés ont bombardé à nouveau les usines de Mannheim.

Source : La Grande Guerre au jour le jour