Louis Guédet
Samedi 29 juin 1918
1387ème et 1385ème jours de bataille et de bombardement
5h1/2 soir Toujours du beau temps et une continuelle sécheresse. Il fait beaucoup d’air néanmoins. Du courrier en masse, j’y ai travaillé jusqu’à 4h. Rien d’autre de saillant. Les journaux sont insignifiants, et tous disent qu’ils ne savent pas où l’attaque prochaine aura lieu de la part des allemands ! Pourvu que ce ne soit pas de notre côté. Je n’y résisterais pas et je succomberais. Cette nuit, vers 2h, nous sentons une forte odeur de grillé ! Émoi de ma femme. Je me suis levé tout en maugréant pour faire le tour de la maison par un clair de lune magnifique. Rien. Fait un tour même dans les rues de St Martin. Tout dormait et rien d’anormal. D’où pouvait venir cette odeur d’incendie ? Je me suis recouché à 3h1/2.
Achevé de cueillir des fleurs du tilleul du jardin près de la cour. J’en ai la valeur de 4 paniers, mais quel travail de patience ! Je suis fatigué de travailler. Cette solitude et ce travail incessant de correspondance me fatigue et me lasse. Il me faudrait avoir quelques occupations me forçant à aller et venir de temps en temps. Je voudrais bien que Monsieur Leroux, de la Justice, me confie quelques voyages dans cet ordre d’idée. Ce me serait un dérivatif de pouvoir aller quelques jours dans une ville ou une autre surveiller, organiser pour mon Ministère. Je ferais au moins un peu œuvre utile, au lieu de rester aussi désœuvré.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Samedi 29 – Visite du Dr Lalouel et d’un autre docteur (à 3 galons) qui nous photographie. Écrit à M. Letourneau de surseoir à la publication de ma lettre au Président de la République. Télégramme refuse,… aux civils ? (plutôt réservé aux militaires, à l’armée)
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Samedi 29 juin
Activité de l’artillerie au sud de l’Aisne, dans la région de Coeuvres.
Dans les Vosges, trois coups de main nous ont valu des prisonniers.
Nos alliés britanniques, par une heureuse opération de détail, exécutée de nuit, ont pris un élément fortifié ennemi à l’ouest de Vieux-Berquin. Ils ont fait un certain nombre de prisonniers et capturé quelques mitrailleuses.
L’artillerie ennemie a montré de l’activité sur différents points entre Givenchy et Robecq. Elle a fait usage d’obus à gaz sur la partie nord-est de la forêt de Nieppe.
L’infanterie américaine continue à se distinguer dans la région de Château-Thierry.
D’après les évaluations italiennes, les pertes autrichiennes sur la Piave ne seraient pas inférieures à 150.000 hommes. Le nombre des prisonniers faits par nos alliés est de 18000 hommes. L’ennemi a évacué même les parties de la basse Piave qu’il occupait encore.
Kerenski a fait sa réapparition au Congrès travailliste de Londres et réclamé l’appui des socialistes de l’Entente contre les bolcheviks.
Charles 1er a chargé, après la démission de von Seidler, le comte Silva Tarouca de prendre des informations en vue de la constitution d’un nouveau cabinet à Vienne.
Source : La Grande Guerre au jour le jour