Louis Guédet

Lundi 17 juin 1918

1375ème et 1373ème jours de bataille et de bombardement

8h soir  Pluie pour partir, mais à Paris beau temps. A 10h20 je prends le train à Vitry-la-Ville où j’y vois les de Riocour, ainsi que leur fils, capitaine au 11e Dragons, blessé à la jambe. Nous causons avec un officier du 4e Cuirassiers qui arrive cantonner, et celui-ci nous dit que son régiment a perdu 1 500 hommes et 43 officiers !… M. René de Riocour (1884-1950) me dit que le Général Duchêne (Denis-Auguste Duchêne, limogé le 10 juin 1918 (1862-1950)) qui avait remplacé le Général Franchet d’Espèrey à son armée est la cause de la débâcle du Chemin des Dames. Il vient d’être envoyé à Limoges : « Limogé ». Il parle de la chute probable du ministère Clemenceau qui serait remplacé par Briand, ce que je ne crois pas. Arrivé à Vitry-le-François nous prenons la correspondance pour Paris par Vallentigny, Brienne-le-Chateau, Troyes, Coulommiers et Gretz. Arrivé à 3h1/2. Fait mes courses au Bon Marché et préparé mes rendez-vous. Pourrais-je partir vendredi ? Vu sur le quai de la gare de Troyes Giraud, représentant la Nationale Assurances qui transporte ses archives à Troyes… (Rayé) est convaincu que les allemands viendront jusqu’à Châlons.

Paris est absolument désert ! Cela m’a frappé en arrivant, mais ceux qui sont restés paraissent très calmes.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Lundi 17 – Le Père Rocklette vient nous voir. Visite de M. le Cure de Magenta (Mayot) et de M. le Doyen de Boulzicourt, d’Avenay, d’Annelles, Louvois. Bouzy est bombardé. On craint une offensive sur Chalons, disent ces Messieurs, comme aussi la Croix.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Lundi 17 juin


Nous avons repris le village de Coeuvres et capturé 130 prisonniers.

Des actions locales au nord-est du bois de Genlis, au sud de Dammard et dans la région de Vinly, nous ont permis de faire 70 prisonniers et de capturer des mitrailleuses.

Une tentative ennemie pour franchir le Matz, en bordure de l’Oise, a échoué sous nos feux.

Un détachement anglais a pénétré dans un poste allemand au sud-ouest de Merris et ramené 11 prisonniers. D’autres raids ont été exécutés par nos alliés au sud de la Somme et dans le voisinage d’Hébuterne. Ils ont amené la capture de 17 prisonniers et de 3 mitrailleuses.

L’activité de l’artillerie ennemie s’est développée considérablement au nord de Béthune et entre Locre et le canal d’Ypres à Comines. Elle a été particulièrement intense dans le voisinage du lac de Dickebusch.

Les Autrichiens ont attaqué les Italiens sur un front de 150 kilomètres entre Asiago et la mer. Après avoir cédé du terrain sur quelques points, les Italiens en ont repris la plus grande partie, et les Autrichiens avouent qu’ils ont dû rétrograder sur la Brenta et aux Sept-Communes. Nos alliés ont fait 3000 prisonniers.

Source : La Grande Guerre au jour le jour