Louis Guédet
Lundi 13 mai 1918
1340ème et 1338ème jours de bataille et de bombardement
11h matin Temps couvert avec quelques tentatives d’apparition du soleil pâle et à travers la brume. Tensions à se mettre au beau. Peu de lettres. L’abbé Heintz a dîné hier soir avec nous et couché à la maison, heureux d’une nuit passée dans un lit. Il est reparti ce matin vers 9h pour Togny-aux-Bœufs en attendant son affectation dans l’un des 3 régiments qu’ils doivent compléter, il désire le 22e. Comme moi il ne voit pas de fin à cette Guerre, ni d’issue ! à moins d’un coup de théâtre. Cet après-midi j’irai sans doute à Vitry-la-Ville rendre visite aux de Riocour, à moins qu’il ne pleuve. Pas de lettres des enfants.
7h soir Été à Vitry-la-Ville rendre visite à M. et Mme de Riocour. Causé très longuement de Reims et des événements. Reçu d’une façon fort aimable. M. de Riocour est très au courant de l’ancienne société Rémoise. Conversation fort agréable. Madame de Riocour a été aimable, elle est intelligente et doit être très bonne personne. Malheureusement ils vivent dans un milieu toujours un peu compassé dont ils doivent souffrir malgré eux. Après-midi passé agréablement, je n’ai qu’un regret, c’est que ma pauvre femme n’ait pu en être. Peut-être cela viendra-t-il à la longue. Ce serait une relation dont je serais heureux pour elle.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 13 – Écrit à Mme la Ctesse de Barral au sujet des Veuves de la Guerre. M. Camu et M. Lecomte viennent s’installer ici. Voyage de Mgr Neveux à Châlons
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 13 mai
Bombardement assez violent dans la région à l’ouest de Mailly-Raineval.
Une attaque allemande sur nos nouvelles positions, au nord-ouest d’Orvillers-Sorel a subi un complet échec. Nos feux ont infligé des pertes sérieuses à l’ennemi, qui a laissé des prisonniers entre nos mains.
La lutte d’artillerie a été vive sur la rive droite de la Meuse, dans le secteur bois des Caurières-Lès-Chambrettes.
Le communiqué britannique signale que, dans une attaque locale heureuse, les troupes françaises ont amélioré leurs positions au nord du village de Kemmel et fait plus de 100 prisonniers.
Aux environs du canal d’Ypres à Comines, un raid ennemi a été repoussé. Nous avons fait quelques prisonniers. Aux environs de Meteren, des combats de patrouilles ont permis à nos alliés de ramener plusieurs prisonniers et une mitrailleuse.
L’artillerie ennemie s’est montrée active dans les secteurs de l’Ancre, au sud d’Albert, et contre les positions anglaises avancées à l’est de Loos et au sud de Voormezeele.
Sur le front italien, vive activité de patrouilles; celles de nos alliés ont fait irruption dans un poste ennemi, au col del Orso, anéantissant les défenseurs à la baïonnette et à la grenade et capturant une mitrailleuse. Canonnade le long de la Brenta et de la Piave.
Source : La Grande Guerre au jour le jour