Louis Guédet
Lundi 15 avril 1918
Je n’ai de goût à rien aujourd’hui. Tout cela me décourage. Et puis mes nuits sont toujours hantées par les scènes d’horreurs que j’ai vécues depuis 43 mois. Quels cauchemars ! sans l’ombre d’espoir de les voir changer en instants de joie, de bonheur et de prospérité.
7h soir Été à La Chaussée pour voir les Soudant et les de Vaucresson. Je n’ai vu que Cécile, Jeanne et Suzanne sont retournées à Paris. Vu les Hennequin. Visité les 2 églises de La Chaussée que je n’avais jamais examinées en détail. Celle de Mutigny est insignifiante, du commencement du Roman. Celle de Coulmiers est mieux, purement romane, mais fort détériorée. La porte droite sud a un linteau à feuillages et salamandres assez bien conservé. A l’intérieur juste une pierre de fondation qui porte les armes du Chapitre de Reims, une croix pattée avec une plus petite croix dans entre chaque croisillon. Je n’ai pu lire ce qui était gravé sur cette pierre noire, ni le nom du fondateur. Un jour qu’il fera plus beau j’irai le lire, ou le déchiffrer. Fait le tour de La Chaussée où j’ai vu de nombreux vestiges d’anciennes dépendances seigneuriales du XVIIIe siècle aux frontons longeant le bas des toitures bien caractéristiques avec leurs crénelures en damier.
Il faisait un triste temps de brume assez douce.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 15 – Pas dit messe. Premier jour d’amélioration de ma santé. Retour des Sœurs à Paris à 8 h.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 15 avril
Actions d’artillerie assez vives entre Montdidier et Noyon. Nos reconnaissances opérant dans cette région ont ramené des prisonniers.
An nord de Saint-Mihiel et en Lorraine, dans les secteurs d’Emberménil et de Bures, nous avons pénétré dans les lignes ennemies et fait une dizaine de prisonniers.
Nous avons repoussé des coups de main allemands ,au nord de la cote 304, dans la région de Saint-Mihiel, en Woëvre et au col du Bonhomme.
Nos alliés britanniques, après une lutte violente qui a duré toute une soirée, ont repoussé les assauts lancés par l’ennemi entre Meteren et Wulverghem. Les Allemands ont attaqué Neuve-Eglise pour la quatrième fois et ont été repoussés.
Près de Festubert, les efforts ennemis ont été également brisés, ainsi qu’au nord-ouest de Locon.
De nombreux détachements allemands ont été pris sous le feu de l’artillerie et dispersés.
Malgré une lutte incessante, toute la ligne britannique du front de la Lys a été maintenue intacte. Les pertes allemandes ont été extrêmement élevées.
Source : La Grande Guerre au jour le jour