Louis Guédet
Jeudi 11 avril 1918
1308ème et 1306ème jours de bataille et de bombardement
7h soir Beau temps, du soleil. Reçu des nouvelles de Lise qui est à Saumur. Pas d’Adèle mais de sa mère qui nous demande de ses nouvelles. Elle est ma foi ! folle !
Eté cet après-midi à Togny pour voir le Docteur Langlet qui n’était pas encore rentré de Paris. Causé longuement avec Mme Langlet et le Docteur Lévêque qui m’a fait voir tous ses jolis tableaux et meubles. Il en a de vraiment intéressants : des Bocquet (Paul Bocquet (1868-1947), Bareau (Georges Bareau (1866-1931)), des Millet (Jean-François Millet (1814-1875)), des Porion (Charles Porion (1814-1908)), etc… Et des dessins inédits du Docteur Lacroix, de Reims, dont le père était originaire de Châlons-sur-Marne et avait une petite propriété à St Martin qui appartient maintenant à un de mes arrière-cousins, le seul que je connaisse ici. Rentré assez tard. Acheté un journal, les nouvelles sont stationnaires et les allemands ont l’air de taper un peu à tort et à travers en ce moment. Si c’était seulement les prodromes de leur impuissance et de leur prochaine défaite, de leur débâcle ! Je le croirais presque… mais attendons !
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Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Jeudi 11 – Pas dit messe. A 3 h. 40 soir, une bombe allemande pas loin. Visite du Card. Amette. Visite de nos séminaristes, MM. Poirel, Camuzet, Fagot. Une bombe à la Maternité tue dix personnes et blesse un plus grand nombre.
autour de la Cathedrale de
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Jeudi 11 avril
Actions locales entreprises par l’ennemi sur plusieurs points du front.
Dans la région de Hangard-en-Santerre, les Allemands ont prononcé une attaque puissante, précédée d’une forte préparation d’artillerie. Un combat acharné s’est engagé pour la possession du village qui a passé de main en main. Une contre-attaque de nos troupes, à 3 heures du matin, nous a rendu entièrement le village et le cimetière.
Une tentative de l’ennemi pour nous chasser des bois à l’ouest de Castel, a subi un sanglant échec.
A l’ouest de Noyon, les Allemands n’ont pas été plus heureux dans la région de Suzoy.
Nos troupes y ont brisé l’effort de l’ennemi qui a accru le chiffre de ses pertes sans obtenir de résultat.
Au nord-est du mont Renaud, nos reconnaissances ont fait des prisonniers et capturé deux mitrailleuses.
Les troupes britanniques et portugaises ont été attaquées par de gros contingents ennemis, depuis le canal de la Bassée jusqu’au voisinage d’Armentières.
L’ennemi, favorisé par une brume épaisse, a réussi à pénétrer dans les positions alliées. Il a repoussé au centre les Portugais et à une aile les Anglais, jusqu’à la Lys, entre Estaires et Bac-Saint-Maur.
L’ennemi a été rejeté à Givenchy et à Fleurbaix. Il a pris Richebourg-Saint-Vaast et Laventie.
Source : La Grande Guerre au jour le jour