Louis Guédet
25 janvier 1918
Les premières phrases ont été recopiées par Madeleine.
Raïssac, secrétaire général de la Mairie est malade, transporté à l’Hôpital. Il a été le « cerveau » et l’intelligence de la Ville depuis la Guerre. Je vais le voir avec Houlon. Nous descendons dans les caves où nous trouvons Raïssac, toujours souriant, et j’irai le revoir dans cette cave « catacombale ». En remontant je serre la main à un sauveteur de Reims, rescapé du bombardement de la rue Jeanne d’Arc d’il y a 8 jours. Nous causons avec le Docteur de Bovis (René de Bovis, professeur à l’École de Médecine de Reims (1866-1941)) qui me déclare très nettement que Raïssac doit être évacué sous peu pour une intervention chirurgicale qu’on ne peut lui faire ici sous les bombes, ce sont des calculs qui ont déchiré l’intérieur de la vessie, et ont produit cette hémorragie urinale. Il en a pour un mois, puis 3/4 mois de convalescence. Il compte sur moi pour faire entendre raison à Raïssac qui ne veut pas quitter Reims et sa chère Mairie ! Enfin on arrivera à le décider. C’est un malheur pour notre administration municipale. Reims n’a pas de chance.
En quittant la place St Maurice je file sur Courlancy voir mon vieil expéditionnaire et lui donner mes ordres et du travail. Je rentre par la rue de Vesle. Journal et commence à causer à droite et à gauche, puis rentré à la chute du jour. Les jours rallongent ! Je travaille d’arrache-pied. Je crois que tout mon retard sera abattu demain ou après. Tant mieux. Je pourrais envisager un voyage à St Martin vers les premiers jours de février, les 5 – 6 – 7 après mes 3 audiences de Réquisitions militaires des 28 – 31 janvier – 4 février. Grande activité d’avions durant cette belle journée, la première depuis le commencement de 1918. Coucher de soleil radieux. C’est déjà le printemps. Je couche toujours au sous-sol. On est moins isolé et mes 2 compagnes de misère m’en sont reconnaissantes. Les pauvres femmes, qui restent quand même, et pourquoi ! Cela ne se raisonne pas ! Pourquoi moi-même restais-je ici ?
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
25-26 janvier 1918 – Bombardement, assez sérieux pour ce dernier jour, vers l’avenue de Laon.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Vendredi 25 – + 4°. Temps sans nuages. Via Cruels in Cathedrali à 8 h. Nuit tranquille. 8 h. bombes vers le nord : Port Sec ? Donné à la Stamperia Lettre au Clergé. Avions : tir contre eux.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 25 janvier
Un coup de main nous a permis de faire des prisoniers à l’est d’Auberive.
Actions d’artillerie assez vives dans 1a région de Maisons-de-Champagne et dans le secteur d’Avocourt.
Fonck a abattu son vingtième appareil ennemi.
Sur le front italien, nos alliés ont envoyé des groupes explorer avec profit les lignes adverses, entre les pentes sud-est du mont Spinoncia et la rive droite de la Piave.
Ils ont capturé du matériel divers dans la vallée de l’Onic. Par un coup de main bien réussi, au sud de Quero, un détachement français a ramené des prisonniers et une mitrailleuse.
Entre Nervesa et le Ponte della Priula, les patrouilles italiennes ont maintenu à distance celles de l’adversaire. Tout le long du front ont eut lieu des échanges de tirs d’artillerie, par moments plus intenses dans les vallées de l’Adige et de la Brenta et sur quelques secteurs des deux rives de la Piave.
Le comte Czernin, ministre des Affaires étrangères d’Autriche-Hongrie, a prononcé un important discours, en réponse à M. Wilson à la commission de la Délégation autrichienne, et le comte Hertling, chancelier allemand, a, de son côté, prononcé un discours à la commission principale du Reichstag.
Source : La Grande Guerre au jour le jour