Louis Guédet
Lundi 28 janvier 1918
1235ème et 1233ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Brouillard intense ce matin, beau soleil à partir de 10h. Lutte d’artillerie vers Pommery toute la journée. Ma bonne est partie ce matin et ne rentrera que jeudi ou vendredi. Peu de courrier, 3 lettres de ma chère femme, dont une ouverte par l’autorité militaire. Les voyous vont recommencer ? J’en préviens Madeleine. Le matin fait mes derniers cartons, je n’ai plus qu’à les consolider avec de la grosse ficelle qui est hors de prix : 3,75 une pelote qui naguère coutait 60 à 75 centimes. Réquisitions militaires à 2h. Toutes des conciliations sauf une affaire qui ne pouvait l’être. Sorti à 4h1/2 de l’audience. Acheté un journal, passé chez Camuset déposer 2 000 F et rentré chez moi. Rien à faire ou très peu de choses. Je vais traîner ainsi ma vie jusqu’au 6 – 7, date à laquelle je partirai pour St Martin. Rien appris de saillant.
7h1/2 soir Je suis assez fatigué. Monbrun, employé de Mairie au Bureau Militaire, « Pons Ludon » comme je le nomme, c’est un type ! m’arrive à 6h1/2 casque en tête, pantalon en tire-bouchon, pardessus voltigeant comme une robe de cour, les poches pleines de paperasses émergentes d’une façon belliqueuse, masque en bandoulière !! Cet homme est terrible avec ses moustaches tirées à la Napoléon 3, moins la mouche !! Il m’amuse terriblement ce brave garçon, dévoué, bourreau de travail, esprit très primesautier et très paradoxal. C’est une figue Rémoise à garder et à dépeindre pour l’Histoire du siège de Reims. Esprit populaire, gouailleur au besoin, et avec un langage très pittoresque auquel il faut s’habituer, il vous donne une note très juste et vous « habille » quelqu’un de la belle façon ! Bref il venait me demander des légalisations pour l’État-civil. Ce que je lui octroie tout en causant. Il est en ce moment débordé par l’établissement des listes de conscriptions classe 19, et il est seul avec des seconds insuffisants !! Il est vrai que les 2 grands chefs de ce Bureau Militaire municipal ont foutu le camp comme un seul homme.
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Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
28 janvier 1918 – Fort bombardement vers le boulevard Gerbert, de 13 à 14 h, puis une partie de l’après-midi.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Lundi 28 – Nuit tranquille. 0°. Beau temps. Tir sur batteries du Parc Pommery. Avions. Visite au Colonel Henry.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 28 janvier
Activité de l’artillerie allemande vers Ribécourt, sud-ouest de Cambrai, sur le front anglais.
Canonnade réciproque assez vive dans la région à l’est de la route de Saint-Etienne à Saint-Souplet où nous avons exécuté des tirs de destructions efficaces. Deux coups de main ennemis ont échoué sur nos petits postes de la région de la Fave.
Sur le front italien, action d’artillerie dans la zone montagneuse et plus intense du Montello à la mer.
Les conditions atmosphériques favorables ont permis une grande activité aérienne des deux côtés.
Les avions italiens ont bombardé avec succès des baraquements ennemis et des voies ennemies à Cismon et à Primolano. Des hydravions de la marine royale ont efficacement battu des objectifs militaires entre Sila et la Piave.
Nos escadrilles et celles de nos alliés ont attaqué à plusieurs reprises de nombreux avions ennemis dont deux, dans la région du mont Zebio et dans le val Sugana, sont tombés désemparés sous les coups de nos aviateurs. Deux autres, à San Pietro di Feletto et à San Fioroni ont été abattus par des aviateurs anglais, qui ont, en outre, incendié deux ballons captifs ennemis près de Conegliano.
En Palestine, continuation des opérations aériennes.
Les escadrilles anglaises de bombardement ont surpris près de Hawara, au sud de Naplouse, sur la route de Naplouse à Jérusalem, un corps en formation de 2000 Turcs sur lequel ils ont jeté une demi-tonne de bombes.
Source : La Grande Guerre au jour le jour