Louis Guédet

Samedi 2 février 1918

1240ème et 1238ème jours de bataille et de bombardement

9h matin  La Chandeleur !! Que de charmants souvenirs d’enfance pour moi. On fêtait naguère ce jour chez moi, on assistait à la messe et l’on rapportait son cierge bénit. Tout cela est passé. Cela me semble d’une telle fraîcheur. On ne reverra jamais plus cela avec cette époque d’incroyance et d’indifférence. La Chandeleur !! souvenirs de ma première jeunesse. Adieu ! Je suis sous les bombes par ce soleil magnifique. Il fait froid.

Rien de saillant depuis hier soir, calme relatif. Ce soir je paie mon pari avec Beauvais, dans le « Condreux-club » à L’Homme d’osier, 72 rue de Vesle, où se réunit ce singulier petit clan…  de purs ! et où se décident bien des rubans. Lenoir et Guichard y seront avec les habitués, Happillon, Dor, lieutenant Migny, Condreux le propriétaire de céans, Beauvais.

Demain je déjeune chez Houlon qui est heureux, à ne pas décevoir de la certitude de son ruban.

On doit prendre des Hospices quelques uns de mes cartons d’archives à mettre en consigne à la Gare d’Épernay d’où je les ferai suivre avec moi mercredi. Pourvu que le service de l’Evacuation de Migny me prenne le reste !! À la Grâce de Dieu !

Temps magnifique ! Trop beau ! Hélas ! car par ce soleil radieux, gare les bombes, etc…  etc… Pour nous, pauvres Rémois, nous préférons la pluie, les temps maussades. Nous sommes moins bombardés.

5h soir  Rien de nouveau. Avions, bombardement après-midi par salves. Lettre de ma chère femme souffrant toujours de douleurs, la malheureuse. J’organise mon départ pour le 6. J’ai hâte de partir. Ce soir, réunion avec Beauvais, Condreux. Demain je noterai ce qu’il en est et aura été.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

Dimanche 2 décembre 1917 – Bombardement commencé vers 16 h 1/2, avec des obus dont nous ne connaissions pas encore le genre de sifflement. Ce siffle­ment intense et très accentué se distingue tellement par ses chan­gements de tons de tous ceux que les Boches nous ont déjà fait expérimenter, à Reims, qu’il est tout de suite trouvé un nom ap­proprié aux projectiles ; ce sont les obus à musique.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Dimanche 2 – + 4°. Nuit tranquille ; tir contre obus. Un gros obus tombe dans la cave du Palais de Justice, lancé contre un avion français par les Allemands vers 11 h. A 3 h. on entend siffler quelques obus autrichiens : cela dure plusieurs heures entre 2 h. et 5 h. On dit qu’il est tombé des obus asphyxiants.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Dimanche 2 décembre

Des tentatives de coups de main ennemis dans la région de Loivre (nord-ouest de Reims), et en Argonne, aux Courtes-Chausses, ont échoué sous nos feux.
De notre côté, nous avons réussi des incursions vers Sainte-Marie-à-Py et dans la région des Hauts-de-Meuse et ramené des prisonniers. Sur la rive droite de la Meuse, la lutte d’artillerie a augmenté d’intensité dans le secteur Beaumont-bois Le Chaume et a été suivie d’une violente attaque ennemie sur nos positions au nord du bois des Fosses. A deux reprises, les assaillants ont été rejetés dans leurs tranchées, après un vif combat. Notre ligne a été intégralement maintenue.
Sur le front britannique, l’ennemi n’a pas renouvelé ses attaques importantes sur le front de bataille de Cambrai. Nos alliés ont repoussé des attaques locales au sud de Vendhuile.
L’artillerie allemande a été plus active que d’habitude dans la vallée de la Scarpe. Trois tentatives de raid-ont été arrêtées au sud-ouest de la Bassée.
En Macédoine, activité de l’artillerie alliée dans la région de Monastir, de l’artillerie ennemie sur le Vardar et dans la région montagneuse à l’ouest. L’aviation britannique a bombardé la région de Ruppel et la voie ferrée de Drama à Sérès.
Sur le front italien, le feu d’artillerie a continué avec violence et le bombardement ennemi a été particulièrement vif dans le secteur du mont Cismon.
Les Anglais ont fait 400 prisonniers en Palestine.

Source : La Grande Guerre au jour le jour