Louis Guédet
Samedi 27 octobre 1917
1142ème et 1140ème jours de bataille et de bombardement
8h soir Rentré de Paris à 5h du soir, en descendant d’autobus vu Lenoir, député, qui venait au devant de moi me causer de la dépêche, envoyée par le Procureur Général, venant de l’autorité militaire pour demander que l’on déplace les justices de Paix de Reims à Épernay, surtout pour les réquisitions militaires. Il m’annonce que semblable note a été envoyée au sous-préfet et au Maire. Tous deux ont répondu par un avis défavorable. Et en causant Lenoir me dit qu’il croyait que tout cela venait de (rayé), l’un (rayé) de (rayé). Je crois que Lenoir est dans le vrai. Bref celui-ci doit aller à la Chancellerie et faire classer l’affaire. (Rayé).
Me voilà rentré, attendant d’un moment à l’autre un mot de ma chère femme m’annonçant l’arrivée de Robert, et aussitôt je file, malgré le départ pour quelques jours de ma bonne. Durant mon absence pas de dégâts ni de bombardements. Demain j’irai à l’Hôtel de Ville causer de cette affaire et voir mon vieux clerc qui est fort malade parait-il. Commandé fleurs pour Jacques et Maurice.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Samedi 27 – + 6°. Nuit tranquille ; matinée: calme complet. Visite d’un Conseiller Général (d’État ?) de la République Argentine et d’un pasteur protestant. Visite de Mgr l’Archevêque de Tarragone, membre du Sénat Espagnol, Antonio Lopez y Deliraz accompagné de M. Emmanuel Brousse, qui dînent avec nous. Je leur fais visiter la Cathédrale et Saint-Remi. Dernier jour de ma 75ème année.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Samedi 27 octobre
En Belgique, nous avons attaqué les positions allemandes entre Driegrachten et Draibank. Nos troupes ont réalisé une sérieuse progression, en dépit de la difficulté du terrain. Le village de Draibank, les bois de Papegoed et de nombreuses fermes organisées sont tombés entre nos mains; nous avons fait 200 prisonniers.
Au nord de l’Aisne, nos troupes ont continué une progression générale, allant jusqu’au canal de l’Oise à l’Aisne. Nous avons pris le village et la forêt de Pinon, ainsi que les villages de Pargny et de Filain.
Le chiffre de nos prisonniers atteint 11000 dont 200 officiers. Le chiffre des canons capturés et actuellement dénombrés est de 160 dont plusieurs mortiers de 210 et des pièces lourdes.
En Champagne, deux coups de main ennemis sur nos tranchées de Maisons-de-Champagne ont échoué. Nous avons réussi une incursion dans le secteur du mont Cornillet et ramené des prisonniers.
Lutte d’artillerie sur la rive droite de la Meuse, entre Samogneux et Bezonvaux, particulièrement violente vers le bois Le Chaume. Une tentative ennemie a échoué.
En Macédoine, raid heureux, des Anglais au sud de Serès.
L’offensive austro-allemande se déploie avec une grande puissance sur le front du Carso. Les Italiens ont évacué le plateau de Bainsizza et bordent leur frontière.
Source : La Grande Guerre au jour le jour