Louis Guédet
Au mardi 4 septembre 1917 1089ème et 1087ème jours de bataille et de bombardement
7h3/4 soir Je rentre de St Martin et je rentre dans l’Enfer et la vie infernale de misère que je mène depuis 3 ans aujourd’hui, sous les bombes !! 3 ans !! A 10h du matin, le 4 septembre 1914 j’entendais siffler le premier obus allemand, et combien en ai-je entendu, évité, échappé depuis !!!… Quelle existence.
Vécu depuis 15 jours avec mes chers aimés, et partagé les transes et angoisses que nous avions au sujet de nos 2 grands qui étaient devant Beaumont (Beaumont-en-Verdunois depuis 1922, village détruit et non reconstruit) et Verdun à la reprise de tout ce secteur, Talon, Cote 304, etc… Les pauvres petits sont exténués. Jean l’aspirant nous écrivait que ses 2 pièces avaient tiré durant les 8 jours de cette attaque plus de 13 000 coups de canon !! C’est fantastique !…
Du coup il a décroché sa Croix de Guerre avec une belle citation. Quant à Robert il est proposé Maréchal des Logis, et désigné pour aller à Fontainebleau… J’ai quitté tout mon monde le cœur « outrageusement » serré. (Rayé) petits vont (rayé) et du (rayé).
Quant à moi, je suis allé hier à Damery avant de rentrer ici voir les Minelle pour la Ssion (Succession) de M. Simon. J’ai revécu avec Pierre Minelle nos heures de jeunesse, et dans cette vieille maison du 17ème et 18ème siècle, béate demeure d’un vieux chanoine de cette époque. J’ai jouis de cette vie que nos ancêtres avaient et qui savaient choisir leurs lieux de repos. Quelle jolie vue de cette terrasse, où ces chanoines déambulaient, lisant leurs Heures ou devisant entre eux avec les Sœurs de Dhuizon et autres lieux. Quelles délicieuses heures j’ai vécues en compagnie de ces ancêtres, de ces « Dieux lares » de cette charmante habitation. Quelles jouissances pour moi qui vis dans les ruines !! Me sera-t-il jamais donné de revivre des instants semblables ?
Rentré à Reims vers 5h. Calme, mais en ce moment le canon tonne. Je suis rentré dans l’enfer… Triste et délabré !!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Mardi 4 – Nuit et journée tranquille. Visite au Bon-Pasteur, à l’Espérance, à Saint Vincent-de-Paul, à l’Assomption. … Vers 7 h. canons français : tir sur avions allemands dans la matinée.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 4 septembre
Canonnade intermittente en divers points du front, plus vive sur la rive gauche de la Meuse.
En Champagne, nous avons réussi un coup de main à l’ouest de la route de Saint-Hilaire à Saint-Soupplet et ramené des prisonniers.
Les Anglais ont repoussé une nouvelle attaque allemande sur leurs postes avancés au sud-ouest d’Havrincourt.
Un coup de main exécuté avec succès au sud-est de Monchy-le-Preux leur a permis de surprendre complètement l’ennemi et de lui enlever 18 prisonniers, après avoir détruit les abris et les mitrailleuses.
Sur le front d’Orient, nos troupes, après une violente préparation d’artillerie, ont pénétré dans les tranchées ennemies, à l’ouest de la Cerna et ramené quelques prisonniers.
La lutte d’artillerie reste violente entre le lac de Doiran et le Vardar et dans la région de Monastir.
Les Italiens ont repoussé près de Gorizia une nouvelle série d’attaques autrichiennes en faisant 350 prisonniers.
Les Russes ont reculé sur la rive gauche de la Dwina, dans la direction d’Uxkul. Sur la rive nord, les Allemands ont donné des assauts acharnés et forcé une partie des positions de nos alliés.
Le haut-commandement russe a donné ordre d’évacuer le secteur de Riga.
Sur le front de Moldavie, les troupes de Mackensen, qui entreprenaient une offensive, ont été repoussées
Source : La Grande Guerre au jour le jour