Cardinal Luçon
Lundi 30 – + 17°. Nuit tranquille ; de 11 h. à midi, bombardement. Entre 2 et 3 h. obus autrichien pas loin de nous ; éclats sur la maison. A 3 h. un obus atteint la tour sud ; fumée enveloppant la tour ; 2e obus chevet de la Cathédrale à 3 h. 35, 3 h. 38, 3 h. 41, 3 h. 44 et 47. (chaque trois minutes). Visite de 3 aumôniers : un de Nancy ; un autre du Poitou ; et le P. Laureng. Incendie de l’Enfant-Jésus. J’étais en train d’écrire au Cardinal Gasparri, lui racontant ce qui se passait concernant la Cathédrale, lui disant qu’au moment même où je lui écrivais on la bombardait. Tout à coup le tir change, et les obus tombaient sur l’Enfant-Jésus. Nous y courons. Les Pompiers sont là qui travaillent activement. Le feu a été mis au clocher, à la chapelle, d’où il s’est communiqué au corps de bâtiment contigu. On déménage le corps de bâtiment de la rue du Barbâtre. On sort les fauteuils, les tableaux encadrés. La Supérieure est là, qui fait compassion, et puis penser à la Sainte Vierge à la catastrophe du Calvaire. Les Allemands continuent de bombarder jusqu’à 8 h. Plusieurs obus sont lancés dans l’incendie. Notre artillerie est muette (?).
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 30 juillet
Les Allemands ont exécuté, à l’ouest de la ferme d’Hurtebise, une violente attaque, qui est venue se briser contre la vaillance de nos troupes. Par contre, nous avons engagé une attaque contre Hurtebise et la pointe sud de la Bovelle. Cette action nous a permis de progresser sur tous les points, notamment dans la région du Monument.
En Champagne, dans le secteur de Tahure, l’ennemi a exécuté un fort coup de main que nous avons repoussé.
Sur la rive gauche de la Meuse, après un intense bombardement, les Allemands ont tenté d’attaquer les tranchées récemment conquises par nous entre les bois d’Avocourt et la cote 304. La précision et la vigueur de nos tirs les ont arrêtés en leur infligeant de lourdes pertes.
Sur la rive droite, un coup de main ennemi sur les tranchées, à l’ouest de Moulanville, a subi le même et sanglant échec.
Les Anglais ont exécuté plusieurs coups de mains heureux. Leurs troupes ont pénétré après un vif combat, dans les lignes allemandes, près de Roeux. Elles ont fait subir de lourdes pertes à l’ennemi et ramené 30 prisonniers.
La retraite russe continue.
Les troupes russo-roumaines de Moldavie ont élargi la brèche faite au front ennemi et occupé les positions adverses sur une longueur de 30 kilomètres et une profondeur de 15. Elles ont fait encore 1245 prisonniers et capturé des canons.
Source : La Grande Guerre au jour le jour