Cardinal Luçon
Mercredi 16 – Nuit tranquille : + 13°. Réception des urnes contenant les cœurs du Cardinal Gousset (intacte) et des Cardinaux de Lorraine, brisée, les cœurs déchirés et leurs lambeaux mélangés sans qu’on puisse distinguer auquel des trois cardinaux ils appartenaient. Un éclat d’obus a pénétré dans l’urne de cuivre. Des ouvriers qui travaillaient dans la Cathédrale accoururent ; l’un d’eux, sans mauvaise intention, plongea la main dans l’une et brouilla les restes des trois cœurs, des Cardinaux Charles et Louis de Lorraine, et de Guise. Je l’ai ai recueillis, et nous avons dressé une relation de cet incident.
Pluie. Réception de la lettre du Cardinal de Paris (Amette) relative à l’image du Sacré-Cœur sur le drapeau national, et sur ma pétition demandant que cette sainte image fut placée sur le drapeau tricolore. Je consultai Mgr Many, et je reçus du Cardinal Gasparri une réponse négative.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mercredi 16 mai
Après un violent bombardement dirigé sur le chemin des Dames, dans la région ouest de Braye-en-Laonnois, les Allemands ont attaqué nos positions sur un large front, vers les Bovettes et l’épine de Chevrigny. Nos tirs de barrage et nos feux de mitrailleuses ont brisé l’attaque, qui n’a pu aborder nos lignes, sauf sur un point où une fraction a pris pied dans un de nos éléments avancés du sud-ouest de Filain.
Des coups de main ennemis sur nos postes au nord-est de Craonne, à l’est de la cote 108 et au nord-est d’Auberive, ont échoué sous nos feux. Nous avons fait des prisonniers, dont un officier.
En Woëvre et en Lorraine, nos détachements ont pénétré en plusieurs points dans les lignes allemandes et ramené des prisonniers.
Engagements d’avant-postes, au front anglais, près d’Epéhy. L’ennemi a lancé deux vigoureuses contre-attaques vers Bullecourt. La tentative a totalement échoué après un dur combat. Une autre contre-attaque a été arrêtée près de Loos.
Les Italiens, sur tout le front du Carso, ont accompli avec succès des attaques d’infanterie et capturé des Autrichiens.
Le chancelier allemand a déclaré au Reichstag qu’il se refusait à formuler ses buts de guerre. M. Scheidemann a brandi la menace de la révolution et réclamé une paix blanche.
Un accord semble s’établir entre le gouvernement provisoire russe et le comité de Tauride, ce dernier acceptant de participer au pouvoir.
Source : La Guerre 14-18 au jour le jour