Louis Guédet
Mardi 8 mai 1917
969ème et 967ème jours de bataille et de bombardement
9h soir Temps de pluie, d’ondées, lourdes. Quelques bruits de bataille et bombardement, situation stagnante ! Bref nous voilà remis aux temps indéterminés avec tous les carnages accoutumés. Je me décide donc à partir vendredi. Tout cela me dégoute, je vais me reposer, je suis exténué.
Courrier assez volumineux. Une femme (m’enguirlande) parce que je ne lui envoie pas le solde de son livret de Caisse d’Épargne, soit une centaine de francs, et il m’est peut-être dû plus comme défausses… Je vais la prier de venir chercher son compte et son argent, cela la refroidira et je serai tranquille jusqu’à la fin de la Guerre, et j’y perdrai encore mes honoraires et excédant de frais je parie !!
Commandé ma voiture pour vendredi 5h1/2 matin, arriverai à Épernay vers 9h, verrai à mes coffres, le Procureur, etc… repartirai à 10h09 ou 11h09, passerai voir André à Châlons et reprendrai le train de 3h3/4 pour St Martin. De là été Ville, vu le Maire, de Bruignac, je les préviens de mon absence, ils me remettront des lettres jeudi s’il y a lieu… Vu l’abbé Camu en passant, qui me dit ce que je savais en partie (et lui ignore le reste en ce qui me concerne et Houlon), proposition pour la Légion d’Honneur par le Maire et Lenoir de : Charbonneaux, de Bruignac, Beauvais (!), Dramas (!) (de l’Éclaireur de l’Est), Dr Harman (il ne l’a pas volée), capitaine Geoffroy, des Pompiers de Paris, et Mgr Luçon. Rentré chez moi, écrit lettres, et longue la fin de la journée, pluvieuse, nuageuse, triste et froide car il faut descendre en cave !!…
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
8 mai 1917 – Bombardement. Shrapnells à midi, vers le centre et la place des Marchés.
Dès 9 h 1/2, ce jour, M. Martin, secrétaire général de la sous-préfecture, me prévient dans la cave où nous travaillons (6, rue de Mars) que M. le sous-préfet, délégué à cet effet, m’attend pour recevoir le serment que je devais prêter devant le préfet, en qualité de directeur-caissier du mont-de-piété.
Nous avions vu, le matin même, M. Bailliez, sous-préfet de Reims, venir prendre place dans le petit caveau où se tiennent les membres de l’administration municipale.
Je me présente, avec mon arrêté de nomination et la quittance justifiant du versement du cautionnement auquel je suis assujetti. M. Bailliez est installé à une petite table, face au mur. Il jette un coup d’œil sur mes pièces et lit la formule du serment, rédigée sur timbre, puis me dit :
« Levez la main droite et dites : Je le jure.
– Je le jure.
– La cérémonie est terminée, ajoute-t-il. Je vous ferai remettre le procès-verbal quand il aura été enregistré. »
Formalité administrative que doit suivre encore, maintenant, la remise du service par le receveur des finances — quand elle sera possible.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mardi 8 – + 13°. Nuit tranquille à Reims. Matinée calme jusqu’à 11 h. 30. A 11 h. 45, bombes sèches près de nous. Bombardement après-midi, place Luton, à la charité. Visite aux blessés civils et militaires de la Charité. Rencontre de M. Guichard. L’Aumônier de la 152e division avec un Capitaine, décoré de la Légion d’Honneur du matin, venaient m’inviter à aller voir leurs soldats. Mais ils s’en vont de Gueux à Berméricourt. Souscription dans la Croix de l’Ain – remerciements à M. Covert (Recueil, p. 123).
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 8 mai
Au cours de la journée, l’ennemi n’a pas renouvelé ses tentatives dans la région au nord du moulin de Laffaux et sur le chemin des Dames. La lutte d’artillerie s’est poursuivie avec violence, notamment vers Hurtebise et dans le secteur de Craonne, où nos troupes ont consolidé leurs positions sur le plateau de Californie. Au dire des prisonniers faits sur cette partie du front, quatre régiments frais, qui ont participé aux attaques infructueuses sur ce plateau, ont subi de très grosses pertes.
Au nord-ouest de Reims, nous avons réussi une opération de détail qui nous a permis d’élargir sensiblement nos positions au sud de Sapigneul. Une centaine de prisonniers, dont deux officiers, sont restés entre nos mains.
Sur le front britannique, l’ennemi a, par trois fois, contre-attaqué les positions de nos alliés au sud de la Souchez. La première vague, qui a réussi à atteindre la pente en avant des tranchées, a été détruite par les feux d’infanterie et de mitrailleuses. Les autres ont dû refluer en désordre. Pas un Allemand n’est parvenu jusqu’à nos alliés.
En Macédoine, nos troupes, de concert avec les contingents venizelistes, ont occupé les avancées ennemies sur un front de 5 kilomètres.
Source : La Grande Guerre au jour le jour