Louis Guédet
Lundi 7 mai 1917
968ème et 966ème jours de bataille et de bombardement
8h20 soir Bataille, bombardement toute la nuit. Temps sombre, couvert, lourd, soleil, orageux, changement de lune.
Bombardement jusqu’à 9h. Vu au courrier lettre de Robert qui a vu son frère Jean, même groupe 1ère batterie et 3ème batterie, ils peuvent se voir les pauvres petits, ce qu’ils doivent être heureux ! Que Dieu les protège ! Lettre d’André. Lettre de ma femme, elle tombera malade ! Répondu à tous. Après-midi été Galeries, acheté chaussures et donné à réparer celles que j’avais. Passé à la Ville, caves Werlé. Rencontré le sous-préfet avec le Maire, causé ensemble. M. Bailliez m’a bien reconnu. En sortant Houlon m’accroche et nous sortons ensemble. Alors il me raconte que le Maire et Lenoir, député, avaient proposé pour le Ruban Charbonneaux, de Bruignac adjoints, Beauvais, Dr Harman, Dramas de l’Éclaireur, Mgr Luçon, Houlon et moi, et que le comité radical serait intervenu pour qu’on ne donnât ce Ruban qu’à un nombre égal et en proportion des… nuances politiques (??) (je n’en n’ai jamais fait !) et qu’alors, comme de Bruignac et le Cardinal ne pouvaient être éliminés, pour faire l’égalité (??) et la proportion, lui et moi avions été rayés de cette liste !! Voilà l’Union sacrée !! Arrière toute, mais jamais leurs rancunes !! Cela ne m’étonne pas, mais Houlon la trouve raide !! Pour mon compte toute réflexion faite, cela me fait un peu de peine parce que c’eût été chose acquise et devant l’ennemi. Reste que je ne puis plus espérer que du côté « Justice ». J’en avise M. Bossu afin qu’il puisse attirer l’attention que présenté par le ministère de la Justice je viens de l’être encore par le ministère de l’Intérieur. Écrit aussi à Thomas et Dagonet. Je n’ai plus qu’à attendre, mais je n’en pense pas moins. Toujours la mesquinerie radicale anticléricale !!… Rentré chez moi fort pensif !! Dévouez-vous sans arrière pensée. Mais l’anticléricalisme… Veille et ne se rend pas !!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 7 – + 6°. Entre 3 h. et 4 h. 30 matin, violente canonnade ; dès le matin, constamment bombes allemandes : sur quoi ? Visite au 114e(1), à Champigny, Colonel d’Olea, parent des La Morinerie.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
(1) Le 114e R.I. est le régiment de St Maixent-Parthenay
Lundi 7 mai
Les Allemands ont en général essayé de reprendre les positions conquises la veille par nous. Partout ils ont été repoussé.
Au nord-est de Soissons, nous avons complété nos succès et élargi le terrain occupé par nous. Nous avons enlevé plusieurs points d’appui importants au nord du moulin de Laffaux et au nord de Braye-en-Laonnois.
Lutte d’artillerie violente dans toute la région du chemin des Dames où les Allemands ont lancé de nouveau, dans la journée, de fortes contre-attaques sur nos positions de la ferme Froidmont, du plateau de Vauclerc et du secteur de Craonne. Nous leur avons infligé de grosses pertes.
Les prisonniers actuellement dénombrés atteignent le chiffre de 6100. Un de nos corps d’armée, opérant au nord de Braye-en-Laonnois, a fait, pour sa part, 1800 prisonniers et enlevé, sur un front de 4 kilomètres, la totalité de la ligne Siegfried.
Nos escadrilles de bombardement ont lancé 8500 kilos d’explosifs sur les établissements militaires, gares et bivouacs de l’ennemi, notamment sur les usines d’Hagondange. Plusieurs incendies ont été constatés.
Source : La Grande Guerre au jour le jour