Louis Guédet

Jeudi 5 octobre 1916

754ème et 752ème jours de bataille et de bombardement

9h soir  Temps gris qui s’est élevé dans l’après-midi. Le matin, été à La Haubette pour ouvrir un testament mystique (testament écrit en secret, transmis au notaire clos, cacheté et scellé) Faille (Marie Lidivine Faille, décédée le 23 septembre 1916 à Reims) chez le Président Hù pour Jolivet. Sur les 7 témoins convoqués, il s’en est trouvé un qui a répondu à…  l’appel…  ce qui n’est pas ordinaire par le temps qui court, il y a encore des témoins qui tiennent !! Le Président a procédé à l’ouverture dudit testament qui par ses cachets de cire était collé à une autre enveloppe dont la souscription était du côté dudit cachet. Nous croyions tous que ces 2 enveloppes étaient des testaments de la défunte, mais non !! l’un était bien le testament de la susdite, mais l’autre n’était purement et simplement que le testament de Léon Polliart (à vérifier). Les 2 testaments s’étaient collés par les cachets du testament de Mme Faille lors de l’incendie de ce pauvre ami Jolivet, qui dans son coffre dans le brasier avait fait fondre les cachets de cire et collé le tout. Le Président a donc rendu le testament Polliart que je vais tâcher de faire parvenir à Jolivet à Paris. Encore un incident de bombardement assez curieux pour nous notaires.

Rentré vers 11h1/2, et sur mon chemin rencontré un maréchal des logis de Gendarmerie qui, souriant, m’a causé de mon audience du 3. Ils sont (les gendarmes) enchantés, parait-il, que j’ai fait « Knock out » le Capitaine Girardot. Les pauvres Pandores ont compris que ce n’était pas contre eux (c’est le principal) que j’ai « tonné ». Çà va bien. Voilà les gendarmes devenus mes amis. « Tapez dessus et ils…  deviennent aussi doux comme des agneaux… » Méditez cela !!

A 2h réquisitions militaires jusqu’à 5h. Durant ce temps tirs sur un avion allemand, et encore un 75 qui est venu tomber sur le passage Poterlet (passage qui se trouvait au niveau du 26, rue de Vesle, et qui donnait dans le passage St Jacques). Bombardés par les allemands, bombardés par les français. Nous ne risquons que d’être bombardés.

Rentré à la maison fatigué et avec du retard qu’il faut que je rattrape.

Lettre de Madeleine. Robert enrhumé et fort fatigué, le pauvre petit, qui n’est pas fort. Pourvu qu’on ne l’éreinte pas et me le renvoie pas, malade sans espoir… !! Surmené avec des soucis. Quelle Vie…  que j’ai donc… !!…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

5 octobre 1916 – A 16 h, un aéro allemand passe au-dessus de la ville, se dirigeant vers le sud-ouest. Des arrivées d’obus se font entendre ensuite.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

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Cardinal Luçon

Jeudi 5 – Nuit tranquille, sauf quelques gros coups de canons. Projection. + 14°.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 Jeudi 5 octobre

Au nord de la Somme, nous avons complété la conquête de puissantes lignes de tranchées allemandes situées entre Morval et le bois de Saint-Pierre-Vaast; nous avons fait environ 200 prisonniers dont 10 officiers.

Les Anglais ont chassé l’ennemi d’Eaucourt-l’Abbaye. Le village est entièrement en leur possession.

Les forces serbes, françaises et russes de Macédoine poursuivent victorieusement leur avance. Elles ont atteint la ligne Petaleno, sur le versant occidental du Kajmackalan, la boucle de la Cerna, Kesali, et Negocani. Leur aile gauche tient Pitoderi, au pied du mont Cicevo.

Les Roumains ont fait 800 prisonniers près de Fogaras, en Transsylvanie et plus d’un millier en Dobroudja.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


Fogaras