Louis Guédet
Jeudi 20 juillet 1916
677ème et 675ème jours de bataille et de bombardement
7h1/2 soir Beau temps. Va-t-il enfin y rester. Cette nuit à 3h du matin une escadrille d’avions est passée au-dessus de Reims jusqu’à 4h. Pourvu que nous n’en subissions pas le contrecoup ! Audience de réquisitions militaires avec Payen (à vérifier). Je crois que nous pourrons liquider rapidement nos 287 dossiers. Nous en avons nettoyés 64 aujourd’hui. Nous avons pris rendez-vous pour les 8 – 10 – 12 août, ensuite nous verrons. Le Président est venu nous voir et nous a annoncé triomphalement qu’il avait loué un appartement à Épernay et que le Tribunal serait installé pour le commencement d’août… et puis… ce sera les vacances ! Belle occasion de ne rien faire !! encore pendant 3 mois !! C’est triste ! Vu le Père Virion (au Collège St Joseph, rue de Venise) qui m’a dit que le Père Pottié était revenu exténué de Verdun où son régiment le 291ème avait perdu 80% de son effectif, ils l’ont refondu dans le 348ème Régiment d’Infanterie. (Le 291ème RI a été effectivement dissous en juin 1916, un monument à sa mémoire se trouve à la nécropole de Sillery(51)).
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
20 juillet 1916 – A 22 h 1/2, au moment où je commence à sommeiller, les doubles détonations bien connues de certaines pièces ennemies se font entendre. Ces pièces, qu’à tort ou à raison on a dit être montées sur tracteurs, nous ont toujours paru tirer tout près de la ville, car les explosions des arrivées suivent presque immédiatement les coups des départs.
Cette nuit, elles tirent précipitamment et je crois à un bombardement en ville, que je cherche à m’expliquer à cause du passage, le matin, d’une escadrille d’avions partie pour un raid dans les lignes allemandes. Mais nos 95 du Port-sec se mettent bientôt à riposter énergiquement ; peu après, les 75 qui claquent si bien qu’on les croirait parfois en batterie sur la place même, devant nos fenêtres, se mettent, eux aussi de la partie.
Pendant quelques minutes, on tire de part et d’autre ; pour celui qui aime ce bruit, c’est un beau vacarme.
Finalement, les Boches se taisent et je puis faire une bonne nuit. Le lendemain, nous apprenons qu’il s’agissait encore d’un bombardement des tranchées.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Jeudi 20 – Paris. Soigné, électricité par Dr Fiessuiger.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Jeudi 20 juillet
Deux coups de main dirigés par l’ennemi sur nos petits postes, l’un dans la région de Paschendaele (Belgique), l’autre au nord de l’Aisne, vers Paissy, ont totalement échoué.
Au sud de la Somme, une petite opération effectuée par nous au sud d’Estrées, nous a permis d’enlever quelques tranchées et de faire une soixantaine de prisonniers.
Sur le front de Verdun, bombardement de nos premières et de nos deuxièmes lignes dans la région de la cote 304. Activité intense de l’artillerie dans le secteur de Fleury sans action d’infanterie.
Aux Eparges, une tentative d’attaque sur un de nos petits postes a été repoussée.
Les Allemands ont donné un violent assaut aux nouvelles positions anglaises à l’est de Bazentin. Ils avaient concentré là des forces importantes. Après une violente préparation d’artillerie, ils s’élancèrent en masses profondes. Ils pénétrèrent dans le bois Delville et prirent pied sur la lisière nord de Longueval. Toutes leurs attaques contre la ferme Waterlot étaient arrêtées. Un peu plus tard, les Anglais reprenaient à Longueval et au bois Delville la majeure partie du terrain perdu. Ils dispersaient un gros rassemblement ennemi qui préparait une nouvelle attaque contre Waterlot.
Les Russes ont accentué leur avance sur la Lipa, en Wolhynie, et fait pénétrer d’importants contingents en Hongrie.
Source : La Grande Guerre au jour le jour