Louis Guédet
Mercredi 22 décembre 1915
466ème et 464ème jours de bataille et de bombardement
9h soir mauvais temps. Allocations militaires, sorties et insolences cet imbécile de (rayé). Surchargé de besogne. Après-midi été à l’intendance militaire où j’ai été reçu, comme de droit, comme un chien dans un jeu de quille… d’embusqués. Relevé tout ce monde-là d’importance (Action de noter des observations ou des mesures). Je les attends. (Rayé) et autres embusqués rémois. Gare à l’application de la loi Dalbiez (loi assurant la juste répartition et une meilleure utilisation des hommes mobilisés et mobilisables) s’ils osent m’attaquer… Non ! Ils sont trop bien rive gauche de la Vesle !!!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
22 décembre 1915. Aujourd’hui, Le Courrier de la Champagne a un article, en chronique locale, de deux colonnes supprimé par la censure, qui n’en a même pas laissé le titre, ainsi que cela est arrivé quelquefois.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Source : Bibliothèque Municipale de Reims
Cardinal Luçon
Mercredi 22 – Nuit tranquille en ville. Autour quelques coups de fusils. Visite du Père Pfisger, de M. Houlon, le Tertiaire.
Parlé à M. Camu au sujet de la cure de la Cathédrale.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Le mauvais temps qui sévit généralement a gêné les opérations.
En Belgique et entre Soissons et Reims, nous avons bombardé des tranchées et dispersé des convois ennemis.
En Champagne, nous canonnons les ouvrages allemands de la butte du Mesnil.
Nous avons opéré un tir de destruction efficace sur un saillant du Haut-de-Rieupt, près de Pont-à-Mousson.
A l’Hartmannswillerkopf (Vosges d’Alsace), après une bonne préparation d’artillerie, nous avons déclenché une attaque d’infanterie. Nous avons occupé une bonne partie des ouvrages ennemis et fait des prisonniers.
Les Belges ont détruit par leurs obus un blockhaus construit dans la digue même de l’Yser. Ils ont atteint les cantonnements d’Eessen et de Clercken.
M. Asquith a annoncé aux Communes le rembarquement des troupes anglaises de Suvla (presqu’île de Gallipoli). Il n’y a eu que trois blessés.
Les élections grecques ont été un succès pour M. Venizelos, qui avait recommandé l’abstention. Un tiers seulement des électeurs ont voté. L’Allemagne et l’Autriche ont adressé des réponses évasives à la Grèce, qui leur demandait d’interdire aux Bulgares d’entrer sur son territoire. La Bulgarie elle-même menace le cabinet d’Athènes.
Prévoyant la rupture, les consuls austro-hongrois en Amérique se préparent à partir.
M. Asquith a demandé au Parlement anglais d’autoriser la levée supplémentaire d’un million d’hommes. Après un discours favorable d’un député ouvrier et un discours contraire du député irlandais Redmond, il a obtenu gain de cause.
Une flotte russe a bombardé le port de Varna, sur la mer Noire.
Le Reichstag a adopté les crédits de guerre de 12 milliards et demi. La minorité socialiste a voté contre.