Louis Guédet
Dimanche 3 octobre 1915
386ème et 384ème jours de bataille et de bombardement
6h soir La nuit du canon, journée tranquille, splendide soleil. Je suis souffrant et n’ai de cœur à Rien. Je suis découragé. Je souhaite même la mort. Quand je songe à mes petits, à ma pauvre femme, que deviendront-ils ? Que feront-ils ? Dans la situation où je me trouve, sans espoir d’aucune sorte, sans secours, isolé, abandonné de tout et de tous ! Autant être mort. Je suis de plus en plus convaincu que Reims en a encore pour tout l’hiver à être sous le canon ennemi. La victoire de Champagne, etc… tout cela du battage pour faire avaler la pilule de l’hivernage ! Et ce sont des malheureux comme moi et les miens qui ne subissent les conséquences, tandis que les égoïstes et les embusqués auront toutes les chances, toutes les jouissances.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
Quelques sifflements. Canonnade le soir.
— Le 320e n’ayant pas quitté ses cantonnements, comme il en avait été question (il y a eu contre-ordre) le ravitaillement de ses compagnies nous avoisinant continue à s’effectuer sur la place Amélie-Doublié.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Dimanche 3 – Nuit tranquille pour Reims, sauf coups de canons et fusillade par moments. On dit que 65 avions ont bombardé la gare de Vouziers, lancé 300 obus (1).
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
(1) Modeste début en vérité pour cette action de bombardement aérien : 5 obus de 75 mm par avion, soit environ 60 kg de charge
Dimanche 3 Octobre
Notre artillerie lourde coopère avec la flotte britannique au bombardement de la côte belge.
En Artois, canonnade réciproque dans la région de Souchez et de Neuville-Saint-Vaast. Nous progressons sensiblement sur les hauteurs de la Folie.
En Champagne, les Allemands canonnent (en faisant parfois usage d’obus suffocants) nos nouvelles lignes près de l’Epine de Védegrange et de la ferme de Navarin. Nom avons conquis un nouvel élément des positions ennemies au nord de Mesnil.
Canonnade réciproque près de Berry-au-Bac et de Sapigneul.
Deux fortes reconnaissances allemandes sont repoussées par nous en Lorraine, près de Moncel et de Sornéville.
Nous abattons un ballon captif allemand. Soixante-cinq de nos avions bombardent les gares de Vouziers et de Challeranges.
Les Anglais ont conservé toutes leurs positions au nord-ouest de Hulluch.
Les Russes avancent sur tout le front. Ils ont remporté des succès signalés dans la région lacustre au sud de Dwinsk et ont rejeté les Allemands au delà de la Chara. Leurs effectifs s’augmentent d’ailleurs rapidement.
Les Italiens livrent des combats acharnés pour la possession de Tolmino.
La concentration bulgare s’opère à la fois à la frontière serbe et à la frontière grecque.
Source : la Grande Guerre au jour le jour