Louis Guédet

Dimanche 22 août 1915

344ème et 342ème jours de bataille et de bombardement

3h1/2  Nuit tranquille, temps froid ce matin, à nuageux et couvert en ce moment. Je remonte de la cave où nous avons passé 1/2 heure de 3h à 3h1/2, des obus assez près, relativement peu, mais c’était plus prudent et puis je suis si nerveux maintenant ! Mon déménagement, quand je songe que tout est à l’air maintenant, je tremble et cependant il me faut bien les sortir pour les sécher avant d’être définitivement empilés !… J’ai comme de la fièvre. Je crois qu’il est temps que je parte. Je n’y resterais pas. Si seulement c’était la fin et que dans quelques jours je n’avais plus ce cauchemar et que je puisse songer à rejoindre les miens. Quelle vie de misère.

Écrit à M. Jadart qui est toujours bien aimable avec moi, je lui porte de ces Notes, mais cela peut-il intéresser le public, l’instruire lui-même.

J’attends la visite d’adieu de ce bon abbé Andrieux, aumônier du 2ème régiment de fusiliers marins. Qu’il nous revienne bientôt, ce serait que la Guerre est finie ou tout au moins ce serait notre délivrance.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

Une violente canonnade commence à 14 h. Les 75 et les gros­ses pièces font rage pendant une heure environ, avec de très courts intervalles utilisés aussitôt par l’artillerie ennemie, pour la riposte. Des obus passent en sifflant au-dessus du jardin de la rue du Jard 57, où je me suis rendu par cette belle journée de diman­che et que je puis quitter à 15 h 1/4.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

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Cardinal Luçon

Dimanche 22 – Nuit et matinée tranquille. Voyage à Binson manqué faute de laisser-passer. Pendant le dîner, le Général m’envoie avertir que vers 1 h. à 1 h. 1/2 nos canons vont répondre aux bombardements des trois derniers jours ; ce qui attirera probablement une riposte des Teutons(1). Le duel n’a pas été aussi terrible qu’on pouvait le craindre, et le bombarde­ment n’a pas été aussi terrible que celui d’hier. A 3 h. aéroplanes.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

(1) Rarissime forme péjorative dans les propos du Cardinal Luçon.

Lundi 23 août

En Artois, au nord de Souchez, une tentative d’attaque allemande menée par un faible effectif a été rapidement enrayée. Dans la région du Labyrinthe, combat à coups de grosses bombes. Canonnade violente autour de Neuville et de Roclincourt.
Canonnade aussi à Roye, à Quennevières, sur le front de L’Aisne et autour de Reims.
Lutte d’engins de tranchées aux Courtes-Chausses, dans l’Argonne.
Combat à coups de bombes, à Flirey, en Woëvre.
Une attaque ennemie a été repoussée sur la crête de Sondernach, dans les Vosges.
Un grave incident s’est produit entre l’Allemagne et le Danemark. Un contre-torpilleur allemand avant tiré des coups de canon, au mépris du droit international, contre un sous-marin anglais échoué dans les eaux danoises et l’ayant coulé, le cabinet de Copenhague a adressé une protestation à Berlin.
Les Italiens ont enregistré de précieux succès sur l’Isonzo.
Les Allemands ont perdu un croiseur et deux torpilleurs dans le golfe de Riga.
M. Venizélos garde, dans son ministère, le portefeuille des Affaires étrangères.
Une entrevue a eu lieu à Boulogne-sur-Mer, entre M. Ribot et M. Mac Kenna, chancelier de l’Échiquier brit
annique.

Source : La guerre au jour le jour