Louis Guédet
Vendredi 16 juillet 1915
307ème et 305ème jours de bataille et de bombardement
9h soir Journée calme, lourde, fort occupée pour moi qui vais repartir à Paris le 21. Vu Albert Benoist qui est dans les mêmes idées que moi. La Guerre finira économiquement.
Rien de saillant, et toujours pas de nouvelles de mon égoïste de Beau-père. Quelle brute !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Nuit tranquille, sauf canonnade sourde et lointaine, aéroplane de 6 à 7 h.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Juliette Breyer
Vendredi 16 Juillet 1915. J’ai espoir aujourd’hui de te revoir, comme je ne l’ai jamais eu. Je suis allée voir une voyante et voici ce qu’elle m’a dit :
« Vous êtes mariée et depuis longtemps vous êtes sans nouvelles de votre mari. Je le vois en soldat ; il a été malade mais de lui vous aurez bientôt des nouvelles car la grande peine que vous avez en ce moment ne sera que passagère ».
Elle a ajouté :
« Votre mari est grand, brun ; il a le front dégagé, il se tient bien droit et naturellement il cause beaucoup ».
Tu vois que c’est ton portrait. Elle m’a dit aussi que j’avais un commerce et que j’aurai des ennuis mais que je triompherai. Tu penses ma bonne chipette, en sortant de chez elle je ne voyais plus la vie de la même façon. Il me semblait que tout paraissait plus gai et je repensais à cette femme là, à la foire, qui t’avait dit que tu aurais une période malheureuse mais qu’après tu serais encore plus heureux que tu ne l’avais jamais été.
Si tu voyais ta Juliette, c’est la première fois depuis dix mois qu’elle sourit un peu. Mais cette fois-ci je vais m’ennuyer à attendre de tes nouvelles. Il me paraîtra qu’elles n’arriveront pas assez vite. Et je me dis que tu manques peut-être de tout ; quel contentement si je pouvais t’envoyer quelque chose. Enfin un peu de patience et tu vois mon Charles, mon cœur me le disait. On avait l’air de ne pas comprendre pourquoi j’avais espoir. Mais je t’aime tant.
Tous mes baisers. Juliette.
Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)
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Renée Muller
le 16 visite de Mr BANCE, Mr HAMELIN et Mr FRÈRE.
Renée Muller dans Journal de guerre d'une jeune fille, 1914
Vendredi 16 juillet 1915
Canonnade près d’Arras. Nous prenons une ligne de tranchées allemandes au sud du château de Carleul. Combat à la grenade autour de Neuville-Saint-Vaast et du Labyrinthe.
En Argonne, la lutte se circonscrit surtout à l’ouest de la forêt. Les Allemands ont repris pied dans le bois Beaurain que nous avions occupé, mais ils sont repoussés à la Haute-Chevauchée et à Boureuilles.
Entre Fay-en-Haye et le bois Le Prêtre, une offensive ennemie est également arrêtée. Violente canonnade sur divers autres points du front, spécialement à la tranchée de Calonne et à Wissembach, près de Sainte-Marie-aux-Mines.
Notre corps expéditionnaire aux Dardanelles et une partie des troupes britanniques ont attaqué les positions turques et emporté plusieurs lignes d’ouvrages. Les zouaves et les légionnaires se sont distingués. Nous avons fait 200 prisonniers et nos alliés 150. Les pertes des Turco-Allemands sont très lourdes. La marine franco-anglaise a coopéré à l’action.
Les Allemands, en Pologne, ont réussi à franchir la Narew. Ils ont été repoussés sur la Pissa; ils s’avancent en masse sur l’Orjitz, où les Russes se sont retirés sur leur seconde ligne de positions.
Dans le Haut-Cadore, les Italiens ont continué à bombarder Landro. Ils ont eu avec leurs adversaires plusieurs rencontres favorables. Ils ont occupé une cime, qui passait pour inabordable, à Falzarego, et ont repoussé une contre-attaque.
Source : La guerre au jour le jour