Paul Hess
Depuis le 26 mai, nous avons entendu chaque jour des sifflements, sauf au cours de la journée du dimanche 30, qui a été calme.
Aujourd’hui, des obus sont tombés vers 9 h et, après une accalmie, le bombardement a repris à 11 heures.
– Le Courrier de la Champagne, donne ainsi, sans autres commentaires, quelques-uns des prix nouveaux pratiqués pour l’alimentation :
L’alimentation à Reims.
Voici pour les statisticiens futurs, un aperçu des prix des denrées alimentaires à Reims, à la fin du joli moi de mai 1915 (valeur à la livre)
- Bœuf, bas morceaux pour le pot-au-feu : 1.50 F
- Bœuf, morceaux de 2e choix : 0.80 F
- Rumsteak et faux-filet : 4 F
- Foie de veau : 2.50 F
- Poitrine de mouton : 1.70 F
- Porc frais : 1.80 F
- Lard maigre : 1.60 F
- Lapin : 1.80 F
- Lentilles (le litre) : 1.20 F
- Pois cassés, d° : 1.50 F
C’est la guerre, dira-t-on. Eh oui, c’est la guerre. Mais la plupart de ces articles n’en sont pas moins « chérots ». Demandez plutôt aux ménagères.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mardi 1 juin – 9 h bombes. Plusieurs tombent autour et tout près de la cathédrale. j’en ai vu la fumée. Une ou deux l’ont touchée, une sur la tour nord.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Juliette Breyer
Mardi 1er Juin 1915. Encore un mois qui commence. Le finirons-nous encore avec les boches près de nous ? Ce que c’est long ! Nous avons reçu une lettre de Charlotte. Elle se fait tirer l’oreille pour écrire. Elle est allée à la Croix rouge et on lui a dit que vous n’étiez pas en Allemagne mais sans doute en Belgique ou dans les pays envahis. Ils essaient d’avoir des nouvelles mais c’est impossible. Il faudra sans doute attendre la fin de la guerre. Charlotte me dit de prendre courage. Bien sur s’il y en avait encore pour un mois ou deux, mais ça peut durer encore un an, plus peut-être. Pense donc mon Charles, si tu es vivant que dois-tu penser ? Je te vois loin, sans nouvelles du tout et les boches auprès de vous pour vous en dire de mauvaises.
La lettre m’a plutôt découragée. Si je n’avais pas mes petits … mais j’arrête car les idées noires me reprennent. Je te quitte et j’espère encore. Je t’aime.
Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)
Il est possible de commander le livre en ligne
Renée Muller
Le 1er juin, à 4 h ½ du matin, partent les cyclistes et secrétaires, quelques heures plus tard revient Mr FRÈRE, il garde les appareils avec un nommé SALE nous avons la visite du … ?
Renée Muller dans Journal de guerre d'une jeune fille, 1914
Mardi 1er juin
Les Russes ont largement avancé sur la Doubissa, sur la Vistule supérieure et à l’est du San, particulièrement au nord-est de Przemysl. Ils ont pris plus de 15000 Austro-allemands au cours de la dernière quinzaine écoulée.
Le cabinet de Berlin a adressé sa réponse au gouvernement américain au sujet de la destruction du Lusitania. Cette réponse est évasive et dilatoire et provoque outre-Atlantique une vive irritation.
La Bulgarie semble à nouveau évoluer vers la Triple Entente, du moins à en juger par le ton général de sa presse.
Des dirigeables allemands ont paru au-dessus des côtes de Finlande.
Après une longue accalmie, les combats d’avant-postes ont repris entre Autrichiens et Serbes.