Paul Hess
Nous apprenons par les journaux de Paris que l’Italie s’est décidée à intervenir au côtés de la « Triple Entente »(1), en déclarant la guerre à l’Autriche, le 23 mai.
– Le nouveau recensement opéré ces jours-ci, donne e chiffre de vingt-six mille habitants, résidant encore dans notre ville.
– Nous savons, à la mairie, que la farine fait presque défaut à Reims ; les boulangers n’obtiennent plus ce qui leur serait nécessaire, du service du ravitaillement. Espérons que cette gêne peu rassurante ne sera que momentanée.
Dans l’Écho de Paris du 22 mars dernier, nous avions pu lire une nouvelle intitulées : « La farine manque à Vienne ». Nous ne supposions pas que nous serions dans le même cas que les Autrichiens, à si bref délai.
D’autre part, la viande vient d’augmenter brusquement dans des propositions considérables et certaines autres choses sont devenues très chères – l’alcool à brûler se vend maintenant 1.50 F le litre.
(1) La Triple-Entente était composée de la France, du Royaume-Uni, de la Russie, et des empires qu’elles contrôlaient en tant que grandes puissances coloniales
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mercredi 26 – Nuit et matinée tranquille. Visite à l’ambulance de La Haubette, maison Cama. Visite à la rue des Chapelains. Au R. Père Abelé à Clairmarais. Bombes vers 6 h.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Juliette Breyer
Mercredi 26 Mai 1915. Mon Charles, ce matin il faisait beau ; je me suis décidée, j’ai mis les deux petits dans la voiture et je suis partie pour Sainte-Anne. André était heureux. Il s’intéresse à tout. Comme tu serais content si tu le voyais maintenant. Il nous questionne sur tout. Il est intelligent. Bonne crotte.
J’étais à peine arrivée au canal qu’il est tombé plusieurs bombes sur le Champion et j’ai su ce soir qu’il y avait eu des soldats tués. Encore bon que nous étions passés. Tes parents étaient heureux. Ils ne se rendent pas compte du sacrifice que je fais et tout le monde dit que je ne suis pas raisonnable de conduire le enfants avec le danger. J’ai profité d’être à Sainte-Anne pour faire photographier André par le fils Boulanger. Il s’est bien laissé faire. J’ai passé quelques instants chez Mme Boulanger et le restant chez vous à coudre. Ta maman voudrait bien que je reste mais ils bombardent par là aussi. Leur logement est trop petit et puis je te dirai aussi que ta maman n’a plus le même caractère. Elle n’a pas la patience pour les petits.
Je termine pour aujourd’hui. Je pense toujours autant à toi et je m’ennuie. Je t’aime. Ta Juliette.
Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)
Il est possible de commander le livre en ligne
Renée Muller
Enfin bonheur le 26 nous revient ce bon 23ème
Renée Muller dans Journal de guerre d'une jeune fille, 1914
Sur le front : Le dernier jour d’Albert Thierry : le 26 mai 1915
Réveil froid et courbatu dans cette aube charmante et ce beau soleil. Les ormes immobiles sur la route d’Arras, un ballon doré vers Noulette, et tout le reste du ciel d’été tranquille et pur……
Mercredi 26 mai
L’armée italienne a pénétré sur le territoire autrichien (province de Goritz); elle a capturé un certain nombre de localités dont la plus importante est Cormons, sur la voie ferrée d’Udine à Trieste.
Les Russes réduisent partout leurs adversaires à la défensive. Ils ont progressé au sud de Chavli et continué à déblayer les provinces baltiques et le gouvernement de Kovno. En Galicie, ils attaquent sur presque tout le front. Sur la rive gauche du Dniester, ils poursuivent leurs avantages et ont fait 2.200 prisonniers dont 40 officiers. Au delà du Dniester et vers les montagnes, la bataille a cessé. Il paraît que Guillaume II se montre découragé des résultats obtenus sur le front oriental.
Les troupes françaises se sont avancées victorieusement dans la presqu’île de Gallipoli, tandis qu’une brigade indienne refoulait une offensive turque.