Paul Hess

Depuis quelques jours, un calme relatif règne en ville, la nuit surtout, mais on entend les grondements sourds du canon au loin. vers Berry-au-Bac.

– Actuellement, une promenade dans Reims, le dimanche, donne une impression pénible de tristesse et de vide. Aucun autre bruit que celui du canon. La gare, avec sa façade labourée par les éclats d’obus, ses vitres brisées, les toits de ses dépendances défoncés, ses bâtiments et ses cours sans mouvement, paraît délaissée dans un état navrant d’abandon.

Toute une végétation s’est donnée libre cours, dans les ruines. L’herbe est haute sur les voies du chemin de fer ; elle pousse même dans certaines rues de la ville. Sans parler d’endroits peu passagers en temps ordinaire, tels que la place Godinot ou la rue de l’Abbé-de-l’Epée, d’autres emplacements, dans des voies comme les rues Jeanne d’Arc, Clovis, Châtivesle, sont tout verts. Sur la place du Parvis, sur la place d’Erlon même, les touffes pointent entre les pavés.

Les promenades sont désertes. Dans les quartiers non commerçants, on ne voit personne ; toutes les maisons se trouvent hermétiquement closes et, pour la plupart inhabitées.

Quelques rares passants se rencontrent seulement dans les artères principales. Par contre, on trouve une animation relative dans l’avenue de Paris et la rue de Courlancy. où se sont fixés quelques service, militaires ou civils. Au-delà du canal déjà, et passé le pont du chemin de fer d’Épernay, on croise des promeneurs ; ils ne sont pas en foule non plus mais cette partie de Reims présente un aspect tout différent. On s’y croirait dans une autre ville tenant garnison.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Source : Gallica

Source : Gallica


Cardinal Luçon

Dimanche 16 – Nuit tranquille. A 8 h deux aéroplanes, canonnades, bombes. Visite à Fismes ; à l’église, où j’ai fait allocution et à quatre ambulances. Gare aux galeux ! Aux ambulances établies, aux Écoles, pensionnat, hospice, au Collège Saint-Macre. Partout aimable accueil, photographie. Fête de Jeanne d’Arc ; Prières publiques.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Juliette Breyer

Dimanche 16 Mai 1915. J’ai parlé trop vite hier. Nous avons une lettre de Charlotte. Elle nous dit qu’elle a été à la Croix rouge à Paris et qu’elle a su que toi et Paul vous étiez sur la liste de ceux dont on ne s’est pas encore occupé. Elle va faire les démarches. Elle dit qu’elle va travailler et faire des masques pour les soldats contre les bombes asphyxiantes.

Nous avons reçu aussi une lettre de ma tante Phénie. Elle est à Moussy, près d’Épernay. Elle se trouve bien ; elle demande de tes nouvelles et nous plaint. Oh oui mon Charles, c’est une triste année pour nous ! Vivement l’autre, nous serons peut-être plus heureux.

Tes petits cocos t’embrassent.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Renée Muller

le 16 pour Mr FRÈRE téléphoniste

Renée Muller dans Journal de guerre d'une jeune fille, 1914

Voir la suite sur le blog : Activités de Francette: septembre 1916 – janvier 1917 : 3e carnet de guerre de Renée MULLER


Sur le front : même jour : Le carnet de guerre d’Albert Thierry : le 16 mai 1915


 Dimanche 16 mai