Louis Guédet
233ème et 231ème jours de bataille et de bombardement
8h20 soir Je suis rentré hier fort triste, cela ne se demande pas, à Reims vers 7h soir après avoir quitté les miens, et quand les reverrai-je ?! Nuit calme. Journée du 3 un peu sombre le matin mais embellie l’après-midi. Tout ici verdoie, fleurit !! Tandis que la Mort s’égrène partout !! Revenu à mes affaires, 47 ou 48 lettres trouvées qui m’attendent, je déblaie !! J’en ai pour 2 jours. Reprise de ma vie publique, notaire, juge de Paix, etc…
Je retrouve Reims triste, délabré et un peu plus démoli ! mais surtout, comme esprit, devenu passif ! Fataliste ! Indifférent !! Partout et dans tous c’est la lassitude, l’indifférence même ! On ne suppute même plus sur les dates de délivrance en jours.
Les trois quarts du feuillet suivant ont été découpés.
Pendant que j’écris ces lignes de 8h1/4 à 8h35 canonnade furieuse, vers Courcy, Loivre, Berry-au-Bac ! en ce moment, 8h3/4 calme absolu ! Sera-ce pour toute la nuit !! Peu m’importe !! Ce serait si bon de mourir et de ne plus souffrir !!
Les trois quarts du feuillet suivant ont été découpés.
…Le Parquet m’a demandé la date de ma promotion comme suppléant de juge de Paix pour répondre à une circulaire de M. Herbaux, Procureur Général, relative au traitement qui me serait dû pour ces fonctions. Me voilà passé budgétivore !! J’aurai vraiment fait tous les métiers. Si je touche quelque chose de ce chef ce sera pour vous mes petits en souvenir de la Guerre, ils s’achèteront un souvenir qui leur rappellera tout ce que j’ai fait et surtout tout ce que j’ai… souffert.
Les feuillets 217 à 219 ont disparus.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 3 – Nuit tranquille. Matinée tranquille.
Visite à M. le Curé de Sainte-Geneviève, pour l’affaire des petits coureurs, dont se plaint le Commandement de Billard, qui allaient roder autour des soldats.
Visite à Sainte-Geneviève, aux blessés. Ballots arrivés de l’Écho de Paris.
Visite de M. le Curé de Bazeilles.
Visite du Commandant de Billard et d’un colonel du 3ème Corps qui s’en va.
8 h soir violent bombardement. Canons Français ? Allemands ?
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Renée Muller
le 1er mai 2, 3, 4 un bombardement dans la soirée
Renée Muller dans Journal de guerre d'une jeune fille, 1914
Voir la suite sur le blog : Activités de Francette: septembre 1916 – janvier 1917 : 3e carnet de guerre de Renée MULLER
Lundi 3 Mai
Peu de faits intéressants en Belgique. Une seule attaque allemande, au nord d’Ypres, a été immédiatement arrêtée par nos mitrailleuses. Au sud de Chaulnes, 80 Allemands armés de cisailles, de grenades, de brownings et de couteaux ont attaqué notre ligne; ils ont été tués ou capturés. Dans la vallée de l’Aisne et en Champagne, l’ennemi a expérimenté divers procédés chimiques dont les effets ont été nuls. Une tentative qu’il a esquissée au bois Le Prêtre a été arrêtée net. Nous avons bombardé la face sud du camp retranché de Metz. L’efficacité de notre tir a été constatée sur un fort et sur des casernes. Il se confirme que les Allemands auraient utilisé contre Dunkerque un canon portant à 38 kilomètres, mais le bombardement s’étant atténué, on croit que ce canon a été détérioré par le tir de nos avions. Les Russes ont fait 1000 prisonniers dans les Carpates. La Chambre grecque a été dissoute et les nouvelles élections sont fixées au 13 mai. Les sous-marins allemands ont coulé un vapeur anglais et un steamer américain. Le contre-torpilleur anglais Recruit a été attaqué par des sous-marins allemands en mer du Nord et coulé. Deux contre-torpilleurs allemands qui escortaient le sous-marin ont été également détruits.