Louis Guédet

Jeudi 18 mars 1915 

187ème et 185ème jours de bataille et de bombardement

A 2 heures réunion chez M. Albert Benoist pour faire paraître dans un grand journal de Paris quelques articles sur la situation et la vie à Reims depuis l’occupation allemande et fixer et éclairer le grand public sur la vie de notre Ville martyre et sacrifiée.

Notre assemblée est composée de M. de Bruignac, initiateur, M. Albert Benoist, M. G. Houlon, conseiller municipal, M. le Docteur Simon, M. Ravaud pharmacien, M. Sainsaulieu, architecte et moi.

Nous avons jeté les bases de ce qu’il y avait à faire (forme et genre d’articles) et nous devons, lundi prochain, donner chacun nos idées qui seront considérées ou coordonnées. Nous devrions nous appeler les 7. Je dois m’occuper de la partie judiciaire.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

Le 16 a été une journée calme, à laquelle a succédé une nuit de canonnade de nos pièces. Hier et aujourd’hui, le bombardement a sévi l’après-midi.

– Depuis quelques temps, le prix de certaines denrées, augmentés insensiblement, contribuent à rendre la vie plus chère, malgré les tarifs fixés pour d’autres marchandises par des arrêtés municipaux ou préfectoraux.

Actuellement :

le beurre se vent 2.60 F la livre
le chocolat se vend 3.60 F la livre
le pétrole se vend 0.45 F le litre
l’alcool à brûler se vend 0.95 f le litre
le lapin se vend 1.75 F la livre.
Payé, ce matin, 0.35 F une paire de lacets de cuir valant jusqu’à présent 0.10 F.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Jeudi 18 – Nuit tranquille pour la ville, coups de fusils, canonnades par intervalles, pendant toute la nuit

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Hortense Juliette Breyer

Jeudi 18 Mars 1915.

Je suis allée chez Mignot. J’ai été très bien reçue par M. Gavet, le chef de bureau pour le moment. Figure toi que j’allais chercher des torchons pour maman puisqu’elle n’en a plus, et le chef du rayon des chaussures m’a envoyée promener, me disant qu’il n’y en avait jamais eu et que je lui faisais perdre son temps. Je n’ai pas eu peur ; je lui ai dit que quand M. Hubin reviendrait à Reims, je saurai quoi lui dire. Cela l’a fâché et il m’a conduite au bureau de M. Gavet. Bien entendu il a eu tort et après il ne savait plus quoi me faire pour me faire plaisir.

Enfin ce sont des petits malheurs. En revenant, il y avait des aéroplanes en l’air, depuis plusieurs jours déjà, mais les nôtres tirent dessus. Il y a même eu un combat en l’air avec mitrailleuses. C’est impressionnant.

Encore une journée de passée. Mon dieu, que c’est long ! Je te quitte, mon chipot.

A toi toutes mes pensées.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Pendant ce temps là une tentative alliée pour traverser les Dardanelles échoua le 18 mars en raison des mines qui y avaient été posées : Bataille des Dardanelles – Wikipédia


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