Louis Guédet
Dimanche 10 janvier 1915
120ème et 118ème jours de bataille et de bombardement
8h1/2 soir journée agitée. Bombardement de 10h à 11h et de 5h à 6h du soir. 95 obus shrapnells de canons dans les environs ! Passé l’après-midi avec Charles Heidsieck pour organiser mon voyage à Épernay, pour remettre ses valeurs à ce crampon de Duval !! et bon débarras ! et de là tâcher d’aller voir mon pauvre Père !!… à St Martin. Qu’y verrai-je ? Qu’y trouverai-je ? Je crains bien que ce soit des réformes et des sanctions à faire et à rendre ! Aurai-je les épaules assez fortes pour supporter ces tâches !! que je supporte depuis 20 ans !!!
Les feuillets 189 et 190 ont disparu, le feuillet 191 se résume à une demi-page recto-verso.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Nuit tranquille. Messe militaire aux caves Mumm et allocution à 6 h 1/2 (fête de l’Épiphanie).
Grand’messe et Vêpres (Épiphanie) rue du Couchant, Bombes à 10 h.
Réception de lainages (Echo de Paris, Maurice Barrès) pour les soldats.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims
Eugène Chausson
10 – Dimanche – Toujours du mauvais temps qui pourra sans doute un de ces jours nous jouer un mauvais tour sur la Rivière d’Aisne (Soissons ou ailleurs.) Canonnade et quelques bombes. Nuit assez calme.
Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918
Voir ce beau carnet sur le site de sa petite-fille Marie-Lise Rochoy
Succès français dans la région de Soupir, où nous enlevons un point culminant, que l’ennemi essaie vainement de reprendre par toute une série de contre-attaques. L’artillerie ennemie est réduite au silence au sud de Laon et de Craonne. A une attaque allemande, près de Perthes-les-Hurlus, nous ripostons par une autre offensive qui nous livre le village et l’une des hauteurs environnantes : de ce côté une étendue de 500 mètres a été gagnée.
Entre Reims et l’Argonne, notre artillerie inflige à nos adversaires des pertes sensibles. Progrès pour nous en Woëvre (Flirey, bois d’Ailly, bois le Prêtre). Nos positions sont maintenues à Cernay, en Haute-Alsace, mais les Allemands ont réoccupé Burnhaupt-le-Haut au prix de pertes considérables.
Sur le front oriental, les combats que Hindenburg a livrés en Pologne, au début de janvier, lui auraient coûté plus de 100.000 hommes en très peu de temps. L’objectif de Varsovie s’éloigne de plus en plus devant lui. Et une nouvelle classe russe, 1.200.000 hommes, est prête à rejoindre le front.
Un comité secret s’est constitué à Budapest pour préconiser l’indépendance de la Hongrie au prix d’une paix séparée avec la Russie, la Serbie et la Roumanie dont les préparatifs inquiètent les Magyars. A Trieste règne la disette.
On annonce que l’Italie va lancer un ultimatum à la Turquie, qui retarde toujours, en dépit de ses promesses, le règlement de l’incident d’Hodeidah.
Enver pacha a disparu et l’agitation grandit à Constantinople contre la tutelle teutonne.
Des signes de refroidissement sont notés entre Guillaume II et les souverains de l’Allemagne du Sud, mécontents des défaites subies et des pertes éprouvées par leurs contingents.
Essad pacha rentre dans Durazzo.
Source : La Grande Guerre au jour le jour