Abbé Rémi Thinot
29 NOVEMBRE – dimanche –
Le R.P. Dhalluin est venu m’apporter le laissez-passer ; J’irai donc à Bétheny demain. J’en ai à l’avance beaucoup de satisfaction. Il m’a raconté ce soir qu’avant-hier, les allemands étaient venus apporter une pancarte « Grande victoire des allemands sur les russes ; nous avons 200 bouteilles de Champagne à Witry ; venez les boire ! »
Les Français ont confectionné un mannequin qui est allé renir [renier ?] cette réponse en allemand ; « Ce sont les Russes qui ont battu les allemands ; on vous trompe abominablement ; nous avons 250.000 bouteilles à Bétheny ; venez nous y voir ; M…. pour Guillaume… »
Extrait des notes de guerre de l'abbé Rémi Thinot. [1874-1915] tapuscrit de 194 pages prêté à ReimsAvant en 2017 pour numérisation et diffusion par Gilles Carré.
Louis Guédet
Dimanche 29 novembre 1914
78ème et 76ème jours de bataille et de bombardement
9h matin La nuit a été tranquille, cette matinée aussi jusqu’à présent, mais je n’ai guère confiance en ces calmes qui nous ont toujours amené des tempêtes et des ouragans de fait ! Mon Dieu, quand donc serons-nous délivrés ?
5h1/2 soir Journée tranquille. Vu Charles Heidsieck, l’abbé Andrieux qui m’apprend sa nomination comme aumônier des fusiliers marins et qui va prendre ses dispositions à Paris. Je lui confie une lettre pour ma chère Madeleine et sa chaine de montre en or avec perles. Je lui recommande surtout qu’il ne lui fasse pas connaître mon chagrin, ma peine, mon découragement. Dieu voudra peut-être qu’en même temps elle apprenne le recul des allemands et la délivrance de Reims. Alors le bonheur, la joie… de se revoir !! Dieu exaucez-moi !
Absence des feuillets 173 à 176
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
Nuit et journée calmes
Vu, ces jours-ci, plusieurs enterrements que ce temps d’état de siège et de bombardement rend encore infiniment plus tristes que d’habitude. Quelques rares assistants suivaient les convois ; pour l’un, trois hommes et deux femmes, pour un autre, deux hommes et quatre femmes.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Dimanche 29 – Nuit très calme. Écrit à Mgr de Nevers. Assisté à la grand’messe. Canons français. Visite aux Sœurs de l’Espérance au sujet des Fourneaux Économiques. nuit tranquille.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims
Eugène Chausson
29/11. Dimanche. Beau temps pour la saison, à 7 h 1/4 du matin, moi et Lucie, nous partons faire un tour jusqu’à chez nous pour y chercher quelques effets ; rentrés à 10 h 1/4 sans encombre. A 11 h 1/2, le canon chez nous qui avait commencé à 9 h 1/2 fut sans doute la cause d’une riposte des Allemands qui ont envoyé un certain nombre d’obus sur la ville.
Je vais sur le Petit Parisien de ce jour 28 novembre, un nommé Lallemand Letellier de Séry ; Louis Dubois de Pargny Ressor ; Constant de Sault-les-Rethel ainsi que d’autres Ardennais sont prisonniers à Lossen près de Berlin. Il y a de Sévan, Floing, Chilly, Bouvellement, Séchebal, Suzannes. L’après-midi il fait un beau soleil et à 2 h 1/2, quand j’écris ces lignes, * au moins, ça parait assez calme mais vers 3 h ça recommence, canonnades et obus jusqu’à la nuit qui fut assez calme, on a pu dormir tranquille. Remarqué que toute la journée et toute la nuit il y avait une très forte canonnade vers le nord, sans doute à Berry-au-Bac
*illisible
Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918
Voir ce beau carnet visible sur le site de petite-fille Marie-Lise Rochoy