par Jackie Weiss
ISBN 9782953694925, éditions Aristote, 26 rue des Templiers, Reims
Dans l’intimité de la guerre
Il a beaucoup lu. S’est documenté et a longuement arpenté les lieux où les stigmates de la guerre n’ont pas disparu. Libraire à Reims depuis trente-cinq ans, Jackie Weiss en sait beaucoup sur la Première Guerre mondiale. « Les gens d’ici sont imprégnés par ce conflit car il n’y a pas un endroit où l’on ne retrouve un casque, un morceau d’obus, la trace d’une tranchée », dit-il.
En réalité, son intérêt pour les événements de 14-18 s’est intensifié à l’occasion du 80e anniversaire du conflit. « C’est à partir de ce moment que sont sortis des livres abordant toutes sortes de sujets inédits. On parlait enfin des hommes et non des seules batailles. »
Les sentiments humains
à la loupe
La ronce et le coquelicot, son roman sorti cet automne aux éditions champardennaises Aristote, est justement intéressant car il ne décrit pas la Grande Guerre de façon froide et distanciée. Le lecteur entre dans l’intimité de deux hommes auxquels il peut s’identifier ou tout du moins se sentir proche. Et qu’importe si Trichet et Travot n’ont pas existé. Devant tant de douleur, les sentiments humains ne sont pas difficiles à imaginer. Jackie Weiss les décortique avec beaucoup de finesse et de réalisme.
« Un tel conflit dépasse l’entendement. Comment ces hommes ont-ils pu survivre ? », s’interroge-t-il encore.
Le libraire a eu l’originalité de ne pas camper son histoire pendant les quatre années de guerre mais après l’Armistice, en 1919. Claude Trichet, fraîchement démobilisé, revient près de Reims, le pays de son enfance.
Passer de l’ombre
à la lumière
Ce vagabond va faire la connaissance de Pierre Travot, un aquarelliste de génie dévasté par sa « gueule cassée ». Meurtris à jamais par l’horreur de la guerre, les deux hommes vont tenter de réapprendre à vivre.
Très bien écrit, dans un style souvent poétique, ce roman passe sans cesse de l’ombre à la lumière. Des flash-back ramènent aux tranchées, le royaume de la boue, de la peur et de la puanteur. Et bien sûr de la mort. En même temps, des scènes mettent en exergue la beauté de la nature, des chants des oiseaux ou des rayons de soleil qui embellissent tout. Une façon de montrer que dans les pires moments de l’existence, la beauté invite à garder espoir. Et peut sauver des vies.
L’Union – Valérie Coulet