Collection Thomas Geffrelot
« Un Appartement Souterrain REIMS Sous les Obus »
17 cm x 12.5 cm
Collection Thomas Geffrelot
avec toutes les légendes retranscrites
Un appartement souterrain à Reims sous les obus. Trois années passées en cave par M.H.A. et sa famille dans leur appartement souterrain
Impression Jean Bienaimé. Phototypies Reims
Campement dans les caves Henri Abelé
Installation sommaire, partagé avec de nombreux réfugiés des quartiers incendiés, durant les premiers jours qui suivirent le 19 septembre 1914.
La necéssité de mettre à l’abri sa famille, ses bureaux, ses meubles oblige M.H.A à organiser une de ces caves en appartement souterrain plus complet et durable.
Cette existence se prolongera pendant trois années.
Coup d’œil général sur l’appartement souterrain
Cette partie de caves, d’une longueur de 30 mètres, d’une largeur de 7 mètres et d’une hauteur, à la clé de voute, de 4 m. 50, a permis l’installation d’un appartement complet, très aéré, éclairé à l’électricité, d’une température constante de 16 à 17 degrés.
Il comprenait Chapelle, bureaux, chambres à coucher, salon, salle à manger, chambre d’amis, cuisine et dépendances.
La Chapelle de l’appartement souterrain
Précèdée d’un vestibule, cette Chapelle, assez spacieuse pour contenir de 80 à 100 personnes, a permis d’assurer le service religieux pendant toute la guerre, tant aux troupes cantonnées dans l’établissement, qu’aux habitants du quartier restés sous les obus.
Autel, ornements, harmonium, tableaux, tentures, propriété personnelle de M.H.A, permirent de conserver aux offices leur cadre traditionnel.
Bureau des dactylographes
Cette vie en caves ne plaisait guère à ces courageuses jeunes filles, faisant quatre fois par jour, sous les obus, un trajet souvent fort long.
Aussi ne descendaient-elles dans ce bureau que contraintes, forcées, préfèrant exécuter leur travail en plein jour.
La première d’entre elles tint à se marier à Reims, sous les obus, et dans les établissements mêmes de M.H.A.
Bureau de Monsieur Henri Abelé dans son appartement souterrain
C’est dans ce cadre à la fois commercial et familial que M.H.A recoit de nombreuses visites et continue une vie de travail intense, fréquemment interrompu par les éclatements d’obus.
Le poêle à feu continu assura à tout l’appartement une température constante, 3 wagons de charbons y suffirent à peine. En ce temps là, le charbon arrivait !
La salle à manger et la chambre d’amis
Changement d’aspect ! Une chambre d’amis, dont on aperçoit le lit donne sur la salle à manger.
Les quatre fils mobilisés de M.H.A vinrent pendant leurs permissions, occuper cette chambre, ainsi que des amis désirant prendre part aux émotions du bombardement.
Chaque semaine, M.H.A réunissait à sa table de famille quelques Officiers, des Aumoniers militaires et des Rémois restés à leur poste de devoir.
Le salon
Sans l’aspect de la voute de cave, ne se croirait-on pas dans un salon d’avant guerre ?…
Tout le secret de cette illusion provient de cartons d’emballage cloués sur les murs et séparés par des moulures en bois blanc.
La frise d’en haut ?… de la lustrine rouge, encadrée de baguettes moulées. A droite, de vieilles étoffes, tendues avec galons.
Enfin, carpette sur le sol en ciment.
Des portraits de famille président à cette vie d’un nouveau genre.
Une chambrette à coucher
Voici un type de « Cabines » installées dans l’appartement souterrain en utilisant les éléments servant au commerce des vins de Champagne.
Elles sont constituées par une série de casiers à bouteilles en maconnerie, dont les séparations ont été exhaussées au moyen de caisses vides formant armoires, et reliées entre-elles dans la partie supérieure par des planches. Celle-ci forment les bases d’un plafond fait de lattes à vins et de cartons d’emballage retombant en festons. Chaque cabine est munie d’une lampe électrique.
La cuisine
Son exiguité était compensée par un réfectoire et des magasins à provisions. En face, se trouvaient les chambres du courageux personel qui assura chaque jour la vie matérielle de la famille, malgré le danger des courses en ville pendant les bombardements.
Le cantonnement au sein de la famille Abelé pendant la première guerre mondiale
Des troupes nombreuses cantonnèrent successivement dans les Etablissements Henri Abelé (plusieurs centaines d’hommes à la fois, voitures, chevaux, etc …)
Tous y reçurent le meilleur accueil. A chaque Fête, le Champagne pétillait dans les quarts. En Mai 1915, un concours de jeux pour les poilus fut organisé, suivi d’une distribution de prix et d’un concert.
Fête de Jeanne d’Arc, 23 mai 1915
Ce grand cellier à Vins de Champagne fut aménagé par M.H.A. en salle de Fetes militaires durant les années 1915 et 1916. Le 23 mai 1915, une Messe solennelle en l’honneur de la bienheureuse Jeanne d’Arc y fut célébrée, avec acompagnement de musique militaire, en la présence de nombreux officiers et civils.
Durant la cérémonie, des obus schrappnels apportèrent leur note émotionnante à cette fete, qui se déroulait à moins de deux kilomètres des lignes ennemies.
Les ruines – Établissement modèle créé en 1913
Cet établissement, spécial aux Vins en Cercles, constuit par M. H. A. et inauguré en 1913, était donc tout récent au moment de la guerre.
Les obus ont mis les voies ferrées et les quais dan un état lamentable ; quant aux murs extérieurs, en moëllons, ils n’ont pas résisté au bombardement comme à résisté l’intérieur, construit en ciment armé.
Triomphe du ciment armé
De nombreux obus ont pu trouer, percer cette construction en ciment armé ; mais non la démolir.
Cette cuve, en ciment verré, d’une contenance de 50 000 litres, a été fortement endommagée. Cependant, en quelques semaines, les dégâts apparents ont été réparés et la vie commerciale a pu reprendre rapidement.
Toujours le ciment armé
L’aspect du premier étage de cet établissement perfectionné prouve à l’évidence la supériorité de ce genre de construction.
Ces ouvertures et ces déchirements impressionnants ont été réparés facilement.
Ces beaux résultats sont dus à l’habilité de nos constructeurs Rémois, MM. Demay Frères, 30 rue Payen, à Reims
Celliers en ruines
Là se trouvaient la salle des fêtes militaires et les celliers du cantonnement pour les troupes.
Elles furent obligées, en raison de la violence et de la fréquence des bombardements, de chercher ailleurs un abri plus sûr.
Habitation particulière
La maison de M.H.A. était située près de la Cathédrale. Elle en partagea le sort douloureux et fut en grand partie démolie par les bombardements.
Dès les incendies de septembre 1914, elle était devenue inhabitable, ce qui motiva l’exode de la famille dans les caves de l’établissement de commerce.
Conclusion
D’accord avec ces braves sous-officiers, buvant à la santé de leur hôte, souhaitons un renouveau de prospérité à la vielle maison de Champagne de M.H.A., fondée par son trisaïeul en 1757.
Médaille commémorative
Gravée en 1917 par le Maître Ovide Yencesse, cette médaille rappelle à la fois la guerre de 1914-1918 et le 160e anniversaire de fondation de la maison H.A. Elle présente deux motifs intéressants : sur la face, une coupe ancienne de famille, sur le revers, un bas-relier du portail nord de la Cathédrale de Reims, ayant trait au vin de Champagne.