Louis Guédet

Lundi 12 août 1918

1431ème et 1429ème jours de bataille et de bombardement

9h matin  Temps couvert, frais mais beau, rosée très forte. Peu de courrier, aussi est-il terminé. Je n’en suis pas fâché étant assez abattu. Lettre de mon officier de régularisation Raux qui me demande de reprendre mes audiences le 23 août à Épernay. J’accepte et donne les ordres nécessaires à mon greffier militaire Croquet.

Il paraitrait que ces pauvres Charles Heidsieck seraient sans nouvelles depuis l’offensive de la Marne de Georges et de Christian ! Camarades du Collège Saint Joseph de Jean et de Robert. Ce serait affreux, ils viennent de perdre ces derniers jours leur fille Simone ! C’est une vraie fatalité… (Georges avait été tué à Vincelles (51) le 16 juillet 1918, Christian avait été fait prisonnier et décèdera en 1982, leur frère Patrick (1906-1992), prêtre, baptisera le 10 avril 1954 en la Cathédrale de Reims François-Xavier Guédet, petit-fils de Louis).

Jean aurait été encore pris par les gaz (nouveaux) qui lui auraient provoqué une très forte dysenterie. Il parait qu’il en est remis…  oui, mais avec cette attaque ?!… Ce n’est pas pour me rassurer. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé… Nous attendons impatiemment de ses nouvelles.

7h soir  Été à Vitry-la-Ville porter mon courrier. Vu M. de Riocour, causé. Il croit que nous n’avançons plus beaucoup. C’est aussi mon avis. Que je voudrais avoir des nouvelles de Jean. (Rayé) m’a montré une carte d’autours de Reims avec toutes les tranchées qui est fort intéressante. Ensuite visite de Raux, mon officier de réquisitions, qui venait de St Rémy en Bouzemont, s’est arrêté pour nous entendre sur la reprise de nos réquisitions pour le 23. C’est entendu.

Maurice est resté au lit toute la journée, fort pris du cerveau ! Est-ce que ce serait la rougeole ? Pourvu que non ! J’ai déjà assez de soucis sans cela.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Lundi 12 – Visite de M. Guillet du Secours National, qui m’aidera à procurer aux habitants de la Vallée de la Marne qui reviendront pour la moisson les choses dont ils auront besoin. Reçu réponse d’Ay : nous pourrons être loges chez les Sœurs de l’Enfant-Jesus de la Maison de retraite

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Lundi 12 août

Les opérations commencées dans la région de la Somme, sous le commandement du général Debeney et du général Rawlinson, se développent favorablement. Massées à la faveur de la nuit, les troupes alliées se sont élancées vers les positions allemandes sur un front de plus de 20 milles. L’ennemi a été surpris et nos progrès ont été rapides. De bonne heure, tous les objectifs étaient atteints.
Les troupes françaises attaquant avec une grande bravoure, ont traversé l’Avre et, en dépit de la résistance de l’ennemi, ont enlevé les positions allemandes.
Au nord de la Somme, deux combats ont été livrés aux environs de Chipilly et de Morlancourt. Au sud de la Somme, nos attaques ont plus aisément triomphé de l’ennemi. La cavalerie a dépassé l’infanterie, bousculant les convois allemands en retraite, s’emparant de plusieurs villages.
Les troupes alliées ont enlevé Plessier, Rozainvillers, Beaucourt, Caix, Framerville, Chipilly, la région à l’ouest de Morlancourt, Fresnoy-en-Chaussée. Les prisonniers capturés depassent le total de 14000.
Entre Béthune et la Lys, les Allemands ont également reculé.
Nos alliés britanniques ont avancé leur front de deux kilomètres en moyenne entre la rivière Lawe et la Bourre, au nord-ouest de Merville. Ils tiennent Locon, le Cornema1e, Quentin-le-Petit, Pacaut et le Sart. Ils ont effectué une opération heureuse au nord de Kemmel, avancé leur ligne sur un front d’un kilomètre en faisant 30 prisonniers.

Source : La Grande Guerre au jour le jour