Louis Guédet

Dimanche 9 septembre 1917

1094ème et 1092ème jours de bataille et de bombardement

9h1/4 matin  Nuit calme. Pas un coup de canon. Ce matin non plus. Temps gris, brouillard d’automne froid. Quelle tristesse ! Messe à 7h rue du Couchant, peu de monde, Salut final. Rentré à la maison toujours aussi triste et démoralisé. Cette vie est lugubre. Tout à l’heure j’irai à la Poste puis je déjeunerai au Cercle, invité par Lelarge, et de là j’irai à Villers-aux-Nœuds faire mon adjudication de matériels de culture de la Succession Vuattier-Lesage de Cormontreuil. Et puis ce sera la vie monotone mourante.

8h1/4 soir  Déjeuné à midi au Cercle, invité par Pierre Lelarge. Avec nous Marcel Farre (négociant en vins de Champagne, né en 1861) qui avait pour invitée la petite Lambert, Mazzuchi, consul d’Italie (Emilio Mazzuchi), ancien associé de Mumm, et Raïssac, notre secrétaire municipal. Conversation sur les événements, rien de saillant… Ces Messieurs ont « crossé » le Maire Langlet. Décidément sa presse devient de plus en plus mauvaise ! Je les ai quittés à 1h1/4 pour aller à Villers-aux-Nœuds. Mon adjudication a été très bien et le matériel s’est enlevé très rapidement. Ajouté au public les soldats et officiers cantonnés dans le village, c’était une cohue. Revu avec plaisir réciproque tous mes braves paysans de Trois-Puits, Bezannes, Cormontreuil, Champfleury, Thillois, etc… Tenu audience et consultation à un tas de ces braves gens. Rentré à Reims à 6h par un splendide soleil grisâtre de Champagne, bleuté, tendre amoureux et languissant !… Ce que j’avais le cœur serré en rentrant à Reims… !…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Dimanche 9 – + 14°. Nuit tranquille à Reims. Brouillard. Visite de la Duchesse de Rohan, mère de ce jeune de Rohan dont on a tant vanté l’hé­roïsme chrétien. Visite de M. le Curé de Saint-André. Allocution à la fin du salut, dans les caves Chauvet. Visite du Capitaine Chapelier (cousin de M. Paul Fourchy) de l’État-major de Jonchery, partant pour Verdun. Jour­née silencieuse et tranquille.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Carnet Delauzanne