Louis Guédet

Samedi 4 août 1917

1057ème et 1055ème jours de bataille et de bombardement

11h1/2  Nuit assez calme, 2 bombardements d’alerte à 10h1/2 et 11h1/2. Pluie torrentielle toute la nuit, le matin le calme. Hier anniversaire de la déclaration de Guerre, pas un obus n’est tombé sur la Ville !! Le fait est tellement extraordinaire que je ne puis m’empêcher de le signaler.

Hélas ! nous ne perdons certainement pas pour attendre ! Serons-nous jamais dégagés, serons-nous saufs les quelques rares têtes restées ici, quand même, pour ne pas laisser mourir notre cité.

Jusqu’à cette heure, rien de saillant.

4h1/2 soir  Rien, temps lourd fatiguant, de la pluie. Je suis tout désemparé, décomposé. Je crois que je tomberai bientôt malade. Je n’ai plus de forces ni de courage. Et puis à quoi bon ! Quand on est malheureux, on l’est pour toujours : on ne peut rien contre la Fatalité et la Malédiction.

Voilà 54 ans que je mène une vie d’honneur et de travail, et comme récompense la ruine, la misère et voir souffrir autour de moi tous ceux que j’aime, femme et enfants ! Alors comment ne pas désespérer, et douter de tout.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

4 août 1917 – Matinée très calme.

Après déjeuner, tandis que nous faisons une courte prome­nade, Cullier et moi et alors que nous passons place d’Erlon, un premier obus siffle brusquement pour aller éclater du côté de la gare. Il est suivi de quelques autres qui tombent sur le centre, rue du Petit-Four, etc.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Source : Gallica

Cardinal Luçon

Samedi 4 – + 14°. Nuit tranquille. Pluie abondante, diluvienne à certains moments. A partir de minuit, nuit tranquille à Reims. Expédié Lettre aux Cardinaux Pro Codice. Journée assez tranquille.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 4 août

Situation sans changement en Belgique, sur le front français. Le mauvais temps continue. Journée relativement calme au nord de l’Aisne.
A l’est de Cerny, les Allemands ont tenté d’aborder nos lignes; arrêtée par nos feux, l’attaque ennemie a complètement échoué.
Sur les deux rives de la Meuse, activité intermittente des deux artilleries.
Les Anglais ont repris Saint-Julien, en Flandre, et progressé autour de Hollebecke.
Les Allemands les ont attaqués sur leurs positions de Infantery Hill, à l’est de Monchy-le-Preux. Ils sont parvenus, après un violent bombardement préparatoire, à prendre pied un moment dans quelques éléments de tranchées de première ligne. Mais nos Alliés, par des contre-attaques qui leur ont valu un certain nombre de prisonniers, ont repris une partie du terrain perdu. L’ennemi a, en outre, tenté des coups de main sur les tranchées au sud-est de Quéant et attaqué un poste au nord-ouest de Warneton. Il a été partout rejeté.
Les Autrichiens annoncent avoir repris Czernovitz, la capitale de la Bukovine. Ils reconnaissent toutefois que les Russes offrent plus de résistance qu’auparavant.
Le gouvernement provisoire russe a dissous la Diète de Finlande et provoqué de nouvelles élections.

Source : La Grande Guerre au jour le jour