Louis Guédet

Dimanche 15 octobre 1916

764ème et 762ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Temps de pluie, triste et morose. Le calme. Été messe 7h, rentré chez moi. Je suis obligé d’aller à la Mairie pour une cliente morte qui a institué son légataire universel l’asile de nuit, et pour qu’on procède à ses obsèques urgentes, et qu’on fasse des retouches (L’acceptation d’une succession peut être soumise à des retouches). Rencontré là le Maire et Raïssac avec qui j’ai longuement causé. Le Dr Langlet s’est beaucoup amusé de ce que je leur ai raconté de ma fameuse audience du 3 qui devient mémorable, et surtout de la bûche que leur a fait ramoner le Procureur de la République. Rentré tard. Après le déjeuner, vu l’abbé Camu et fait un tour jusqu’à Ste Geneviève où j’ai vu Curt qui m’a fait visiter sa maison qui est comme une bonbonnière. Il m’a donné une fléchette d’aéroplane. Rentré par les allées des tilleuls en rentré. Je n’ai pas le courage de me mettre à l’ouvrage de mon courrier. Vu Valot qui est venu me faire signer mes procès-verbaux de simple police, dont celui Simon réclamé par l’autorité militaire. Que diable veulent-ils en faire ? Valot n’en parait nullement ému.

Reçu lettre de ma chère femme qui me dit que Robert a grandit encore d’un centimètre 1/2.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Dimanche 15 – Nuit tranquille. Pluie ;+ 12°. Visite à Champigny. Messe militaire. Allocution aux soldats et aux paroissiens. Visite à M. le Curé, à l’église de Saint-Brice. Adoration Sainte-Geneviève. Visite de M. Sainsaulieu et de M…. de la Cathédrale.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

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Dimanche 15 octobre

Au sud de la Somme, nous avons prononcé deux attaques qui ont brillamment réussi : l’une à l’est de Belloy-en-Santerre, nous a mis en possession de la première ligne allemande sur un front de 2 kilomètres; l’autre a fait tomber entre nos mains le hameau de Genermont et la sucrerie à 1200 mètres au nord-est d’Ablaincourt. Nous avons fait de nombreux prisonniers. Jusqu’ici 800 prisonniers valides dont 17 officiers ont été ramenés à l’arrière.

Canonnade intermittente sur le reste du front.

Les Russes ont fait quelques incursions heureuses dans la direction de Vladimir-Volinski.

Les Italiens ont accompli de nouveaux progrès sur le Carso, faisant une centaine de prisonniers.

La situation des Roumains s’est décidément améliorée. Les attaques de Falkenhayn aux différents cols des Alpes transylvaines et spécialement à la passe de Predeal, ont été repoussées avec de grosses pertes. Le roi a pris le commandement des armées roumaines.

La Grèce a accepté de nouvelles conditions des Alliés, qui ont occupé la gare d’Athènes afin d’empêcher tout envoi de canons et de munitions en Thessalie.

Le dictateur allemand des vivres von Batocki déclare que la situation alimentaire est mauvaise.

Source : La Grande Guerre au jour le jour