Abbé Rémi Thinot

26 FEVRIER – vendredi –

Je suis monté à « 204 », puis à liaison Forestière. Il y avait attaque sur le Pan Coupé. Terrible !

Le 101ème [1], du 4ème Corps, a horriblement « trinqué » J’ai vu bien des blessés.

Rencontré M. D… qui, farceur à froid, me rappelle quelques-uns des commandements de la vie militaire ;

1°) ne jamais faire le jour-même, ce qu’on peut faire faire le lendemain par un autre.
2°) avant d’exécuter un ordre, attendre le contre-ordre
3°) s’en foutre et rendre compte
4°) ne jamais chercher à comprendre etc.. etc..

Le pis est que… c’est souvent d’application pratique, ce décalogue.

Et le service de santé ; Mon Dieu, que c’est lamentable.. !

[1] 101e RI 13e brigade, 7e division d’infanterie4e corps d’armée.

Extrait des notes de guerre de l'abbé Rémi Thinot. [1874-1915] tapuscrit de 194 pages prêté à Reims

Louis Guédet

Vendredi 26 février 1915

167ème et 165ème jours de bataille et de bombardement

8h1/2 soir  Nuit précédente calme, journée brouillard le matin jusque neuf heures et soleil ensuite, froid, canon, quantité d’avions sillonnant l’azur. Obus de-ci de-là. 2 place des Marchés, 1 chez Collomb rue du Carrouge près de Galeries Rémoises et un peu à droite et à gauche. Cette soirée ci il y a un clair de lune merveilleux. Il fait froid. Si seulement on était délivré, dégagé sans encombre !! Je n’ose plus rien espérer…  plus rien supposer.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

Bombardement toute la journée ; l’après-midi sur le centre : cathédrale, place des Marchés, rue du Marc, etc.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Vendredi 26 – Malade. Quelques bombes, dont 2 sur la cathédrale.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

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Vendredi 26 février

Près de Lombaertzyde nous démolissons un blockhaus, des observatoires et une batterie ennemie. En Champagne, nous maintenons nos progrès acquis et même les développons. Toutes les contre-attaques allemandes sont repoussées.
Nous lançons 60 bombes, très efficacement, sur des trains et sur des rassemblements; nous prenons un ouvrage au nord de Mesnil, décimons une colonne en marche près de Tahure et éteignons le feu d’une batterie en faisant sauter plusieurs caissons.
En Argonne, deux coutre-attaques ennemies qui essayaient de déboucher à Marie-Thérèse ont été brisées net, et nous détruisons un blockhaus au ruisseau des Meurissons, près du Four-de-Paris.
La lutte se poursuit avec une extrême âpreté, mais sans qu’une décision soit encore intervenue sur les routes qui conduisent de la Prusse orientale à la Pologne, entre Allemands et Russes.

Source : La Grande Guerre au jour le jour