Louis Guédet
Mercredi 30 avril 1919
1692ème et 1690ème jours
Parti à St Martin le samedi. Dimanche à St Martin pluie battante, pourrais-je partir à Perthes ? Lundi je pars et arrive à Perthes vers 9h1/2. Les Charles Cosson (cultivateur et Maire de Perthes (1849-1929)) insistent tellement que je couche chez eux. Je vois à nos affaires et arrive à louer Sapignicourt à Vanel et St Eulien à Vareilles, à Malinot et Berger. Reste Perthes… le mardi matin de la neige !! qui résiste même, je ne crois pas avoir vu cela de ma vie. Je repars à 3h1/2 pour être à St Martin à 6h par une pluie battante et je quitte St Martin aujourd’hui à 8h.
Ici je trouve un monceau de lettres, j’y répondrai comme je pourrai. Laissé ma femme un peu mieux, André était là et repart après-demain à Tours.
Beaucoup de monde. Le Courrier de la Champagne vient de reparaître, premier n° insignifiant. Le parti conservateur va être encore piètement représenté !! surtout avec l’attitude qu’Helluy a eu en avril 1917, et (rayé).
Des signatures à donner en quantité ! Les bras m’en tombent quand j’y songe.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Mercredi 30 – Toujours mauvais temps, pluie
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mercredi 30 avril
M. de Brochdorf-Raudzau est arrivé à Versailles.
Le Comité des Trois a tenu deux séances. Au cours de celle du matin, il a discuté le problème de Kiao-Tchéou. Aucune solution n’a encore été acquise.
L’après-midi, les délégués belges furent entendus. M. Hymans fit un exposé qui dura près de trois heures et qui produisit une très vive impression sur ses auditeurs. Il insista surtout sur le désir de son pays – qui en a le plus profond besoin – d’obtenir à bref délai une provision de l’Allemagne sur les indemnités légitimement dues et il fixa le chiffre de 2 milliards et demi. Il obtint finalement des promesses formelles des Trois.
La séance historique a eu lieu au parlement italien. MM. Orlando et Sonnino furent accueillis par des ovations indescriptibles. Après avoir exposé les points de vue français, anglais, américain, italien sur l’Adriatique, M. Orlando conclut ainsi :
« Nous n’oublierons jamais les soldats de l’Angleterre et de la France tombés valeureusement en défendant la terre d’Italie comme leur patrie.
«Des terres ensanglantées se lève, pour tous, la majesté de cet ordre: les alliés d’hier doivent l’être aujourd’hui et tous les peuples, parmi lesquels le peuple américain en première ligne, qui se sacrifièrent pour la victoire de l’idée, au nom de cette même idée, doivent marcher sur le chemin de la justice et de la civilisation, unis par un lien d’amitié loyale.
« Pour obéir à cet ordre suprême, le gouvernement italien, conscient de la solennité de l’heure, affirme de nouveau devant le Parlement qu’il est animé d’un esprit de conciliation compatible avec les nécessités impérieuses de la conscience et de la dignité nationales.
« Avec la même sincérité, je dis qu’en ce moment difficile, je ne peux pas déterminer dans qu’elle forme et par quels moyens on peut atteindre ce but, car, au cours de la dernière conversation du 24 avril, le dissentiment s’est produit non seulement sur notre point de vue, mais aussi entre celui de nos alliés et celui de M Wilson. »
La Chambre, à l’unanimité moins les voix des socialistes officiels, vota cet ordre du jour:
«La Chambre, tutrice de la dignité et interprète de la volonté du peuple italien, se déclare solidaire avec le gouvernement, auquel elle renouvelle l’affirmation de sa pleine confiance pour faire valoir les droits suprêmes de l’Italie, dont la reconnaissance est la condition indispensable d’une paix juste et durable. »
Le Sénat vota à l’unanimité le même ordre du jour. Enfin, la même unanimité se retrouva dans la presse.
Le gouvernement italien a publié une note que M. Wilson lui a remise le 14 avril et où il précisait ses conceptions sur le règlement de l’affaire de l’Adriatique.
Les troupes Tchécoslovaques sont à une heure de Budapest.
Source : La Grande Guerre au jour le jour