Louis Guédet
Mardi 14 janvier 1919
1586ème et 1584ème jours
9h matin Temps assez élevé, pas de pluie mais triste. Toujours le même état de profonde tristesse, bien que Jean et Robert, avec leur jeunesse exubérante éclairent un peu mon ciel si sombre.
Robert me contait hier qu’étant de passage à Reims en octobre 1918 il cantonnait dans les caves Georges Goulet, rue St Léonard et avenue de Châlons 1,2,3 et 4 place Dieu Lumière, et que deux soldats de la 31e batterie de son régiment d’artillerie lourde A.L.T. le 288e (Artillerie Lourde à Tracteur), avaient pillé avec d’autres du Champagne, et que surpris par des gendarmes ils avaient cogné dessus. Passés en Conseil de Guerre ils furent condamnés, se rendant complices de vols et de pillages, à… 1 Franc d’amende avec sursis ! Voilà donc un Conseil de Guerre se rendant complice des vols et des pillages honteux dont Reims a été le théâtre. C’est tout simplement l’invite à continuer ! N’aura-t-on pas un jour le courage d’exiger des enquêtes et de faire des exemples ! Tous ces galonnards auront transformé leur uniforme en livrée !
Je pars demain à Épernay, triste voyage, et à Reims ! Je suis pourtant bien délabré.
3h Courrier assez chargé, comme toujours, du reste. Je finis d’y répondre, avec lassitude… Je suis trop découragé, et de plus débordé. Quelle vie misérable que la mienne !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Mardi 14 – Visite de M. Henri Abelé et de son fils décoré. Conseil. Reçu Mémoire. Visite au Petit Séminaire ; aux Petites Sœurs des Pauvres, Asile dévasté
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 14 janvier
La conférence interalliée a tenu une séance nouvelle pour continuer le débat sur la procédure.
Il y a eu également, une réunion des experts militaires qui ont discuté les modalités du renouvellement de l’armistice et une réunion du cabinet impérial de guerre britannique à laquelle participaient les représentants des Dominions.
A la suite de la proclamation de la république a Luxembourg, un comité de Salut public, formé de six membres : trois libéraux et trois socialistes, a été constitué.
Une vive agitation se manifeste en faveur d’une incorporation du Luxembourg à la France.
Le gouvernement d’Ebert a repris les immeubles des journaux que tenaient les Spartaciens. Ledebour et plusieurs chefs Spartaciens ont été capturés, ainsi que le fils de Liebknecht.
Source : La Grande Guerre au jour le jour