Louis Guédet
Vendredi 19 juillet 1918
1407ème et 1405ème jours de bataille et de bombardement
8h matin Nuit assez agitée. Des avions ont bombardé dans les environs, on aurait vu des lueurs d’incendies. J’ai compté une 30aine (trentaine) d’explosions ! Attendons les nouvelles… Temps magnifique, qui va être d’une chaleur torride. On n’entend aucun bruit de bataille.
5h soir Les bombes lancées cette nuit sont tombées dans la prairie vers Togny et Pogny. Pas de dégâts. Communiqué ce soir assez bon, nous serions avancés entre Aisne et Marne sur une largeur de 48 kilomètres, pris 20 villages, du matériel, etc… Nous serions arrivés sur les hauteurs qui dominent Soissons. Attendons.
Le photographe militaire colonial que j’ai entretenu hier à Châlons me disait qu’il avait vu des scènes de pillages par des officiers honteuses. Il avait notamment vu vider complètement le magasin de chaussures Au 3,90 (à vérifier) rue Carnot n°3 par des officiers eux-mêmes.
André est allé voir les chutes d’obus à Togny. Je ne suis pas sorti.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Vendredi 19 – Donne circulaire n° 108. Expédition de la Lettre collective (108) prescrivant des Prières pour la France, à l’occasion du 5° anniversaire de la Déclaration de la guerre. M. Letourneau dine avec nous. Conversation extrêmement intéressante. Offensive franqaise32 entre Château-Thierry et Soissons (Villers Cotterets, Mangin, Degoutte) 17.000 prisonniers; 360 canons captures. Décès à Paris de M. l’Abbé Renard, 84 ans, Curé de St Brice.
(1) La contre-offensive française qui s’est déclenchée la veille depuis la forêt de (Xe Armée Mangin) avec l’important appui des chars et de l’aviation marque le renversement de la situation.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 19 juillet
Nos troupes ont attaqué les Allemands sur un front de quarante-cinq kilomètres, entre l’Aisne et les environs de Château-Thierry. Les points de départ étaient Ambleny, Troesnes, Bouresches, etc. Nous avons pris pied sur les plateaux au sud-ouest de Soissons et dans la région de Chaudun. Nous avons progressé par de violents combats au nord et au sud de l’Ourcq et à l’extrême pointe de la ligne, dépassé Belleau. Nous avons fait plusieurs milliers de prisonniers.
Sur le front de la Marne et de la Champagne, aucun changement. Au sud-est de Nanteuil-la-Fosse, nous avons arrêté net une violente poussée de l’ennemi. Au nord de Prosnes, une attaque, menée par les troupes de la garde, a complètement échoué.
Sur le front britannique, les troupes australiennes ont exécuté une action locale heureuse dans le voisinage de Villers-Bretonneux. Elles ont avancé leur ligne sur un front de plus d’un mille. Deux canons de campagne ont été capturés, ainsi qu’un certain nombre de prisonniers et quelques mitrailleuses.
Nos alliés ont également amélioré leurs positions au nord de Bailleul. Ils ont réussi un raid au sud de cette ville et repoussé un coup de main au sud de Bucquoy. Activité de l’artillerie allemande dans la région de Bailleul.
Source : La Grande Guerre au jour le jour