Louis Guédet
Lundi 1er juillet 1918
1389ème et 1387ème jours de bataille et de bombardement
9h matin Temps magnifique, il va faire une chaleur terrible. Quelle sécheresse. Hier après-midi vers 5h un avion allemand est venu survoler Vitry-le-François, passé au-dessus de St Martin et survolé Châlons. On a tiré dessus mais il était excessivement haut.
6h soir Pas de courrier ! 2 lettres, auxquelles j’ai répondu rapidement. Je suis de plus en plus désœuvré. Nouvelles de Robert qui semble affecté de la mort du fils d’Hanrot. Ils étaient du reste camarades de classes ! Le pauvre enfant ajoute : « et puis, du reste, c’est ce qui nous attend tous !… » C’est vrai, quand on voit que rien ne sort de cette Guerre et de tout cela ce sont nos enfants qui tombent, tandis que les embusqués s’amusent.
7h soir En songeant à la panique des Parisiens quoiqu’on en dise, tous les jouisseurs et égoïstes fichent le camp avec un ensemble extraordinaire (rayé) à cela (rayé) l’une (rayé) il me revient les vers qu’écrivait il y a quelques jours M. Marcel Pénitent dans le « Journal du Peuple ».
Depuis l’offensive on voit dans les gares
Les froussards de choix prendre leurs billets,
Entre gens rapaces on voit des bagarres
Pour prendre d’assaut des wagons complets.
Mais pour, tout au moins, sauver l’apparence,
Ils s’en vont en disant : « C’est pour les enfants ».
Ce qu’on voit de gens tomber en enfance,
C’est phénoménal depuis quelques temps.
Cela va avec ce que Louis Forest (pseudonyme de Louis Nathan, politicien, journaliste, dramaturge et romancier (1872-1933)) dans le Matin disait déjà des fuites… des Parisiens au moment des fêtes de Pâques : Ils partent à cause des vacances de Pâques, certes ils seraient restés crânement à Paris si ce n’avait pas été les vacances de Pâques, mais les vacances de Pâques les obligent à suivre leurs enfants passer les vacances de Pâques au grand air et se reposer durant les vacances de Pâques, à cause des vacances de Pâques. Mais les vacances de Pâques sont passées et maintenant on va aux bains de mer, non à cause des vacances de Pâques, mais à cause… des enfants !!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi Ier – Réponse à Mme Havard de la Montagne, au sujet des Veuves de la Guerre. Visite au nouveau Major. Visite du Capitaine de gendarmerie, on ne peut plus obligeant.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 1er juillet
Au sud de l’Aisne, nous avons attaqué depuis le sud d’Ambleny jusqu’à l’est de Montgobert, dans le dessein d’enlever à l’ennemi les places d’armes qu’il avait aménagées dans cette région.
Sur un front de sept kilomètres, nos troupes ont pénétré dans les organisations allemandes, enlevé Fosses-en-Haut, Laversine et les hauteurs au nord-ouest, Cutry, et ont porté leur ligne aux abords ouest de Saint-Pierre-Aigle, ainsi que sur la croupe au sud de ce village. Notre avance atteint, sur certains points deux kilomètres et faisons plus de 1060 prisonniers.
Les attaques que les Allemands ont ensuite tentées pour nous reprendre notre gain ont été à chaque fois repoussées. Notre nouvelle ligne a été intégralement maintenue.
Au sud-ouest de Reims, vif combat dans le secteur de la montagne de Bligny. Les troupes italiennes ont refoulé des détachements ennemis qui avaient réussi momentanément à prendre pied dans leurs secteurs avancés.
Les Américains ont fait une quarantaine de prisonniers à l’ouest de Montdidier.
Les Anglais ont réussi une opération de détail sur un front d’environ trois milles et demi à l’est de la forêt de Nieppe. Ils ont avancé leur ligne d’un mille en moyenne et capturé plus de 400 prisonniers, 2 canons et 22 mitrailleuses. Ils ont enlevé les hameaux de l’Epinette-Verte, Rue et la Becque.
Les troupes australiennes ont attaqué et enlevé plusieurs postes à l’ouest de Merris, faisant 43 prisonniers et capturant 6 mitrailleuses.
Source : La Grande Guerre au jour le jour