Louis Guédet

Jeudi 13 juin 1918

1371ème et 1369ème jours de bataille et de bombardement

8h matin  Toujours le beau temps, chaud. Ce matin une femme du village qui vient travailler ici nous annonce que les allemands vont arriver à Châlons, attendu que son frère et sa belle-sœur viennent d’arriver avec du mobilier, que tout le monde s’en va de Châlons, qu’on n’y voit plus personne, que Châlons est bien triste, et patati et patata !!… Je musèlerais ces gens-là moi si cela me regardait. Papotage, cancanages de village, rien de plus, et on écoute cette femme-là plus que quelqu’un de sérieux. Quand verra-t-on la fin de toutes ces idioties-là…

4h soir  Lettre de Dondaine m’annonçant qu’il a reçu à Troyes un charmant accueil de M. Vignes, syndic de la Chambre (Charles Vignes (1872-1941)), de M. Champeaux, Président, et de M. Moineau, secrétaire (Émile Moineau (1870-1925)), qui ont fourni un local dans l’immeuble de leur Chambre de discipline, pour déposer les archives de notre Chambre, de Labitte et les miennes. J’écris à tous trois pour les remercier en attendant que je le fasse de vive voix quand j’irai à Troyes pour voir à tout cela.

Envoyé à tous les confrères une circulaire pour les prier de me tenir toujours au courant de leur changement de résidence et des lieux de dépôts de leurs archives.

Pas de nouvelles de Jean, cela commence à m’inquiéter. Chaleur étouffante.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Jeudi 13 – Le Général Albricci envoie le communique français et un radio-télégramme. Visite de deux prêtres soldats italiens. Visite au Général Albricci, à Madame Beaudier, qui nous fait apporter quelques bouteilles de vins doux sucres du midi, à M. le Colonel de Bruignac non-rencontré. Expédition d’évacuation à Chaumuzy : un homme tué au presbytère. Lettre à Monsieur René Bazin sur son article « La date attendue » dans les « Nouvelles religieuses ».

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 

Jeudi 13 juin

Entre Montdidier et l’Oise, la bataille se poursuit. Toutes les tentatives de l’ennemi ont été brisées à gauche où, par une brillante contre-offensive, nous avons repris de deux à quatre kilomètres, reconquérant la ligne occupée lundi soir. Nous avons réalisé de nouveaux progrès à l’est de Mery et du bois de Genlis.
Par de violentes attaques, les Allemands ont également tenté de nous rejeter sur l’Aronde. Sur le front Saint-Maur-ferme des Loges-Antheuil, nos troupes ont soutenu le choc, gardé leurs positions et infligé de lourdes pertes aux assaillants.
Sur notre droite, les Allemands, malgré leurs efforts réitérés, n’ont pu déboucher sur la rive sud de Matz. Nous tenons la partie sud de Chevincourt et de Marest-sur-Matz. En réalité, notre contre-attaque de la veille avait devancé une forte offensive ennemie et bousculé les effectifs allemands déjà agglomérés.
Au sud de l’Aisne, les Allemands ont attaqué entre la rivière et la forêt de Villers-Cotterets. Des combats acharnés se sont livrés sur le front Dommiers-Cutry-sud d’Ambleny.
Les Anglais ont fait un heureux coup de main à Boyelles.

Source : La Grande Guerre au jour le jour