Louis Guédet
Dimanche 16 juin 1918
1374ème et 1372ème jours de bataille et de bombardement
2h soir Beau temps, froid plutôt. Lettres diverses, de M. Bossu qui s’inquiète de son mobilier en garde-meubles à Épernay chez Rondeau, entrepreneur de roulage, 7, rue Hôpital Auban-Moët… J’ai écrit à ce dernier pour qu’il fasse le nécessaire.
M. Liance, notaire à Rosnay, mobilisé, qui me demande de m’occuper de l’évacuation de ses archives qui sont chez Bientz, notaire à St Martin d’Ablois, de mettre ses minutes en paquets dans des sacs, etc… etc… et de les expédier aux Sables d’Olonne où est sa femme ! Rien que cela !! Bientz renâcle, et son prédécesseur Laduré préfère ne pas… s’exposer !…
Bref, je suis toujours bon pour les corvées et m’exposer, pour ensuite… m’oublier et ne même pas donner signe de vie, sans un remerciement… sinon encore des « vous auriez dû faire ceci, penser à cela, etc… » Je réponds au confrère en lui donnant tous les renseignements nécessaire et la marche à suivre pour que son courageux prédécesseur prenne… son courage à 2 mains et les mesures utiles pour procéder à cette évacuation. Il ne parlait rien moins que j’aille à Dormans sur la ligne de feu pour que je lui sauve 10 années de minutes !!! Je ne suis pourtant pas déménageur !!
Félicitations de M. Henri Gentil, secrétaire Général de la Résidence à Bingerville, en Côte d’Ivoire (Capitale de la Côte d’Ivoire jusqu’en 1934), du 11 avril 1918 ! Sa lettre a mis du temps à me parvenir. Rien d’autre. Je pars toujours demain matin à 10h20.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Dimanche 16 – Réponse du Président du Conseil, négative, mais polie et courtoise. Visite du Général d’artillerie italien Consone(1). Après Vêpres, visite à Dizy, par chemin à travers les vignes
(1) Le général Consone commande l’artillerie du 2e Corps d’Armée italien.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Dimanche 16 juin
Lutte d’artillerie assez vive entre Montdidier et l’Oise, au sud de l’Aisne, ainsi qu’à l’ouest de Reims, vers Champlat et Bligny.
Au matériel pris à l’ennemi le 11 et déjà dénombré, il faut ajouter 9 canons dont sept lourds, et 40 mitrailleuses. Nos patrouilles, opérant en Champagne, ont ramené des prisonniers. Dans le secteur au nord de Bailleul, nous avons fait des prisonniers.
Les bataillons anglais et écossais ont réussi une opération au nord de Béthune. Plus de 60 prisonniers sont restés entre les mains de nos alliés. Ils ont également réussi un coup de main dans le secteur de Villers-Bretonneux où 3 mitrailleuses ont été capturées. Ils ont repoussé une attaque dans le bois d’Aveluy.
Un combat local s’est livré dans le voisinage d’un poste avancé de la forêt de Nieppe.
Sur le front américain, au nord-ouest de Château- Thierry, actions réciproques d’artillerie très violentes, accompagnées de gaz.
Deux appareils allemands ont été abattus.
La canonnade devient plus violente sur l’ensemble du front italien.
Source : La Grande Guerre au jour le jour