Louis Guédet
Vendredi 17 mai 1918
1344ème et 1342ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Temps magnifique, trop chaud. Parti à 5h1/2 pour Épernay. Vu Lutta pour le déménagement de la maison Mareschal 52, rue des Capucins à Reims, de tout ce que l’on pourra. Il va s’occuper d’urgence, je lui ai donné un permis d’entrer dans la maison pour les 2 ouvriers de la Maison qui sont à Reims.
Vu à mon audience Pierre Lelarge, qui m’a appris que cette culotte de peau, (rayé) du Général Micheler avait donné l’ordre d’évacuation totale de Reims au Maire le dimanche des Rameaux 24 mars 1918 à 10h du soir, et que le matin du 25 mars à 8h du matin ce (rayé) avait acquis la preuve matérielle qu’il n’y avait plus de troupes allemandes massées devant Reims pour une attaque. On lui reproche l’attaque manquée d’avril 1917. Lelarge était très remonté, comme nous tous du reste.
En reprenant le train à 2h11 j’ai rencontré Auguste Goulden très gentil avec moi, il retournait à Nancy où il est attaché à la section photographique de l’Armée. Il est aussi très excité contre les soudards… (Rayé).
Dans un dossier d’allocation militaire en appel qui vient de m’être soumis, le dossier d’une dame Antognini d’Aÿ n°255, j’ai trouvé une lettre d’un officier d’État-major nommé Farré, commandant s’il vous plait ! à l’État-major D.E. (Direction des Étapes) du GAN (Groupe des Armées du Nord), secteur 149, qui a eu le toupet d’écrire au Sous-préfet qu’il avait étudié le dossier de cette dame et qu’il estimait que sa demande de rappel d’arrérages lui était due, et qu’il ne doutait pas qu’il serait fait droit à sa requête ! Et allez donc ! (Rayé)!! Çà ne doute de rien ce peuple-là ! et çà se mêle de ce qui ne le regarde pas ! Il a certainement des loisirs dans son embuscade de l’État-major ! Eh bien, qu’il les occupe à aller dans les tranchées, mais qu’il nous laisse la paix ! Si un civil faisait une telle démarche ! il serait bien reçu. Il serait pour le moins fusillé ! (Barré et rayé).
Rentré éreinté avec de la fièvre.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Vendredi 17 – Arrivée d’un camion sous la conduite de l’Abbé Berlioz, amenant mon bureau de travail et le cartonnier de mon Cabinet.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 17 mai
Lutte d’artillerie assez vive dans le secteur Hailles-Castel. Un coup de main allemand à l’ouest de Montdidier a échoué sous nos feux. Nos Patrouilles, opérant au nord de l’Ailette, ont ramené des prisonniers.
Les troupes britanniques ont exécuté un raid dans les tranchées ennemies aux abords de Gavrelle. Elles ont fait quelques prisonniers.
En dehors de l’activité réciproque de l’artillerie en différents points, particulièrement dans les vallées de la Somme et de l’Ancre, à l’est d’Arras et au front nord de bataille, il n’y a rien à signaler.
Les Belges, par des incursions réussies dans les lignes ennemies, en avant de Ramscappelle et de Merken, ont ramené une quinzaine de prisonniers. L’ennemi a lancé de nombreuses bombes d’avions sur leurs cantonnements.
Lutte de bombes vers Nieuport et au nord de Dixmude : activité d’artillerie assez intense vers Wertdendreft. Un aviateur belge a abattu en flammes un avion allemand vers la forêt d’Houthulst.
Sur le front italien, nos alliés ont fait irruption dans des éléments de tranchées ennemis de l’Asolone, détruisant une partie de la garnison et mettant en fuite le reste. Quelques prisonniers sont restés entre leurs mains.
Les marins italiens ont torpillé une grande unité navale autrichienne à Pola.
Source : La Grande Guerre au jour le jour