Mercredi 29 mai 1918
1356ème et 1354ème jours de bataille et de bombardement
10h matin Temps magnifique, nuits fort fraîches. J’attends avec impatience des nouvelles de Jean et de l’offensive entre Reims et Soissons ! Fismes est-il évacué réellement ? Pourvu qu’il n’arrive rien à Jean, et que Reims ne soit pas occupé ! Ce serait donc toujours la Fatalité pour nous ??
6h soir Rentré de Songy où j’avais des lettres à porter. Le communiqué du matin qui dit que les allemands auraient traversé la Vesle vers Bazoches et Fismes, mais que nous les maintenons devant Soissons et Vierzy, et devant le massif de St Thierry.
André est en retard d’une heure. J’espère qu’il aura apporté le nouveau communiqué du matin.
Tout cela n’est pas encourageant et je suis d’une tristesse que je ne m’explique pas. C’est de l’angoisse. Que peut-il ? que va-t-il m’arriver ?… encore ?…
7h soir André est rentré avec 1h1/2 de retard. Il paraitrait que Fismes aurait été pris, puis repris. On dit que sur Reims les allemands seraient arrêtés. En résumé on ne sait pas grand-chose. Et puis est-ce bien la grande attaque. Des avions ont survolé Épernay, la ligne aurait été rompue à Damery, etc… Il faut attendre pour être fixé, mais c’est bien angoissant, comme si nos contrées n’étaient pas encore assez ruinées.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Mercredi 29 – Dans la nuit, entre minuit et 1 heure, incursion d’avions ennemis. Violente canonnade contre eux. Projection dans les airs. Je me lève au ronflement des avions, et je contemple les projections qui fouillent l’obscurité du ciel. C’est impressionnant. Les avions vont sans doute jeter des torpilles sur Épernay. Peut-être sur nous. Visite de M. Brisher, facteur d’orgues. Passage de longs convois de voitures du train et d’automobiles. A 11 h. 1/2 soir, visite d’avions allemands, projections, violente canonnade des canons contre avions sur la … de la montagne vers Hautvillers et Dory.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mercredi 29 mai
Les Allemands, après s’être emparés de la crête du Chemin des Dames, entre l’Ailette et l’Aisne, ont réussi à franchir cette rivière entre Vailly et Berry-au-Bac.
Les troupes franco-britanniques faisant face à un ennemi très supérieur en nombre, ont continué à se replier progressivement. La bataille se poursuit avec acharnement entre la Vesle et l’Aisne, dans la région des plateaux, en arrière desquels arrivent nos réserves.
Activité des deux artilleries en Champagne, sur la rive droite de la Meuse et en Woëvre.
Un fort coup de main sur nos positions dans le secteur des Chambrettes a échoué sous nos feux.
Les Anglais signalent que des combats sévères se livrent dans tout le secteur britannique. A leur droite, la 2Ie division s’est maintenue contre toutes les attaques.
Au centre et à gauche, les 8e, 50e et 25e divisions ont maintenu leurs positions jusqu’à une heure avancée.
Sur le front de la Lys, combats locaux dans région à l’est du lac de Dyckebusch.
Sur le reste du front, coups de main heureux de nos alliés. Leurs avions ont bombardé les campements allemands de Liège et des usines à Aix-la-Chapelle. Ils ont également jeté des bombes sur Bensdorf et divers objectifs aux alentours de Fribourg et d’Armentières. Six appareils ennemis ont été abattus au cours de combats aériens.
Les Italiens ont remporté un nouveau succès dans la région de Capo Sile. Ils ont capturé 7 officiers et 433 soldats, 4 bombardes, 10 mitrailleuses, plusieurs centaines de fusils. Ils ont bouleversé les défenses ennemies sur une profondeur de 750 mètres.
Source : La Grande Guerre au jour le jour