Louis Guédet
Dimanche 12 mai 1918
1339ème et 1337ème jours de bataille et de bombardement
9h matin Temps gris, froid. Triste mois de mai, et nous sommes déjà au 12. Il fait beaucoup de vent qui souffle en tempête. Nous avons dans nos troupes en cantonnement un accordeur de pianos qui a été à Reims chez Mennesson, et il accorde le piano de Reims en ce moment. Il est étonné qu’il ait si peu souffert. J’irai à la messe de Cheppes ce qui permettra à Madeleine de faire voir à l’autre, de St Martin. Notre capitaine est parti d’hier soir en permission. Il allait à Versailles d’où il est du reste.
6h1/2 soir Temps triste, pluie, et très froid. Messe à Cheppes. Puis cet après-midi 300 chevaux du 348e d’Infanterie arrivent remonter les batteries d’artillerie qui sont ici et qui ont été décimées au Mont Kemmel. Le 348e est dissous et sera réparti dans les 99e, 30e et 22e d’Infanterie. Vers 4h le curé de Cheppes nous amène un vicaire de la Cathédrale de Reims, l’abbé Heintz (alsacien né à Reims, futur évêque de Troyes et de Metz (1886-1958). Il ne sait s’il restera, nous lui avons dit qu’au cas où il coucherait on lui donnerait un lit ici, et à dîner. Il n’est pas encore venu. Peut-être est-il reparti pour Togny où ils devaient cantonner. Il est chargé de la garde des archives du colonel du 348e.
Rien d’autre. Maurice me fait recueillir dans le jardin des feuilles de chaque sorte d’arbres. M. Thévenot, l’instituteur, leur a demandé de lui en apporter pour un cours de botanique.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Dimanche 12 – Messe et Vepres. M. Jean Chandon vient diner avec nous. Repris la priere du soir en commun ä l’oratoire.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Dimanche 12 mai
La lutte d’artillerie s’est maintenue, très vive, dans toute la région de Grivesnes et de Mailly-Raineval. Nos troupes ont exécuté, au nord de Grivesnes, un coup de main qui nous a donné une quinzaine de prisonniers.
Une opération de détail sur le bois au nord-ouest d’Orvillers-Sorel, nous a valu un gain de terrain appréciable. 39 prisonniers et plusieurs mitrailleuses sont tombés entre nos mains. Une contre-attaque de l’ennemi a complètement échoué sous nos feux.
Nos détachements ont effectué, en outre, plusieurs incursions dans les lignes ennemies, notamment au sud-est de Montdidier, au nord-ouest de Thiescourt, dans le secteur de Sapigneul et en Woëvre. Nous avons fait des prisonniers et ramené du matériel.
Les Anglais ont exécuté des opérations heureuses à l’ouest de Merville, ramenant des prisonniers et une mitrailleuse. Ils ont enrayé par leur feu une attaque lancée par l’ennemi à l’est d’Ypres.
L’artillerie allemande a canonné les organisations belges et les communications de la zone de Nieuport, pendant que la flottille anglaise procédait à l’embouteillage du port d’Ostende en coulant le Vindictive.
Les Italiens se sont emparés du monte Corno, en capturant une centaine de prisonniers.
L’Allemagne a adressé aux commissaires du peuple un ultimatum menaçant.
Source : La Grande Guerre au jour le jour