Cardinal Luçon

Vendredi 19 – + 3°. Visite du Colonel Petit venant me prier de présider les obsèques religieuses du Général Baratier à Gueux. + 3°. Nuit tranquille à Reims. Activité au Chemin des Dames. Obsèques du Général Baratier à Gueux, 3 h. après-midi. J’ai prononcé une allocution, et donné l’absoute à l’église. Le père du Général, bon chrétien, était là. Au cimetière militaire, discours du Général Petit[1] ; du Dr Emily (?), du Général Nudant, du Géné­ral Micheler[2]. Marchand[3] était absent, retenu par la bataille dont nous entendions le bruit très distinctement et assez fort. Admirable cérémonie ! Rentré à 5 h. 1/2.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
(1) Général Petit. Succède au Général Baratier à la tête de la 134’Division qui défend Reims en mai-juin 1918. Après les assauts sur la Pompelle fin mai et le 1″ juin et le 18 juin sur tout le périmètre défensif de Reims, et lorsque la population est définitivement évacuée, il transforme la ville en forteresse pour la défendre rue par rue. Il n’a pas de rue à Reims…
(2) Général Micheler. A commandé la X’ Armée sur la Somme, puis le groupe d’Armées de réserve au Chemin des Dames. Après l’échec de l’offensive Nivelle ; il sera rétrogradé au commandement de la V’ Armée entre Prunay et Dormans et il réussira à bloquer les Alle­mands dans la vallée de l’Ardre. Il a une rue à Reims.
(3) Général Marchand. Le héros de Fachoda avait quitté l’Armée en 1905. Rappelé en 1914, il sert en Champagne où il est blessé en 1915 à Navarin. Il est sur la Somme en 1917. Puis il défend Château-Thierry en 1918.

Baratier, Augustin.
(1864-1917). Né à Belfort le 11 juillet 1864, mort à Courcy le 17 octobre 1917. Albert Ernest Augustin Baratier, officier de cavalerie, prit part à la bataille de la Marne. Promu divisionnaire, le général Baratier mourut au moment où il faisait une tournée d’inspection dans les tranchées près de Reims. Après avoir été inhumé dans notre ville, où le cardinal Luçon prononça son éloge funèbre, il repose aujourd’hui, conformément à sa volonté, au milieu de ses noirs, au Cimetière de la Maison-Bleue à Cormicy (Marne).
Source : La vie rémoise, Jean-Yves Sureau



Vendredi 19 octobre

Sur le front au nord de l’Aisne, nos troupes ont repoussé une attaque dirigée contre nos positions du plateau de Vauclerc.
Actions d’artillerie vers Maisons-de-Champagne, au nord de Souain, dans la région des Monts et sur la rive droite de la Meuse, dans la région bois le Chaume-Bezonvaux.
Nancy est à nouveau bombardé par l’aviation allemande. Il y a des victimes.
Sur le front anglais, grande activité de l’artillerie allemande au nord-est d’Ypres et sur la côte. Activité de l’artillerie britannique sur le front de bataille.
Nos alliés ont exécuté avec succès une opération de bombardement sur territoire ennemi, et attaqué une usine à l’ouest de Sarrebruck, à 65 kilomètres de la frontière. De nombreuses bombes ont été jetées avec d’excellents résultats.
Canonnade en Macédoine sur le front du Vardar.
Les Russes ont livrés bataille à la flotte allemande dans le golfe de Riga. Après avoir chassé l’avant-garde ennemie, ils durent reculer devant la supériorité de portée de l’artillerie.
Le vaisseau de ligne Slava coula, mais presque tout son équipage fut sauvé. Les batteries de côtes russes placées à l’entrée du Mohn-Sund furent détruites. Au Mohn-Sund les tentatives allemandes échouèrent.
L’ennemi subit un autre échec, en renouvelant une opération de débarquement dans l’île de Dago.

Source : La Grande Guerre au jour le jour