Louis Guédet
Mercredi 31 octobre 1917
1146ème et 1144ème jours de bataille et de bombardement
6h1/2 soir Temps gris, humide, plutôt doux, nuageux. Quelques obus.
Rien de saillant, journée monotone quoique fort occupée par moi, travaillé à mettre au point mes actes d’hier et un autre partage. Pas de lettre de St Martin. Les citations de Jean et Robert ont paru dans l’Éclaireur de l’Est sous le titre « une belle famille » : on mijote des fleurs. C’est pour le coup que Bienvenu du Petit Rémois pourrait crier : « la cour est pleine !… »
Rencontré Lelarge après-midi avec la petite Lambert, il m’a invité à déjeuner demain au Cercle. J’ai accepté. Rentré travailler jusqu’à maintenant. Mon vieil expéditionnaire va tout doucement. Je m’occupe de trouver un remplaçant, on m’offre une jeune fille de 21/22 ans qui est chez Roederer que je mettrai au courant et prendrai ensuite une fois « dégrossie »… J’en ai besoin, je suis trop accablé de besogne.
Demain la Toussaint !! Que de souvenirs cela éveille en moi cette fête qui était jadis si joyeuse, si familiale !! Hélas en reverrai-je jamais de semblables, mon cœur saigne à cette pensée et est tout broyé. Voilà la 4ème Toussaint sous les bombes !! Mon Dieu aurez-vous enfin pitié de nous, de mes chers enfants, de ma chère femme et de moi pauvre abandonné, pauvre solitaire exilé. Aurai-je jamais des jours heureux ?? Je n’ose y croire, l’espérer. Souffrir, souffrir toujours, c’est dur, bien dur, trop dur. Je suis si las !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
31 octobre 1917 – Sifflements et explosions, à 18 h.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mercredi 31 – + 6°. Nuit tranquille. Temps couvert.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mercredi 31 octobre
La lutte d’artillerie a été assez active dans le secteur Braye-en-Laonnois-Hurtebise et sur la rive gauche de la Meuse.
Au nord-ouest de Reims, un coup de main sur une tranchée allemande à l’ouest de Brimont, nous a permis de faire subir des pertes sérieuses à l’ennemi et de ramener une vingtaine de prisonniers et du matériel.
Des avions allemands ont bombardé Dunkerque et Calais sans causer de victimes dans la population. La même nuit, Belfort a reçu plusieurs bombes: trois blessés dont une femme et un enfant. Saint-Dié a été également bombardée : un blessé. 4 avions allemands ont été abattus par nos pilotes et 12 contraints d’atterrir avec des avaries. Nos avions de bombardement ont lancé 2.000 kilos d’explosifs sur les gares et dépôts de Lichtervelde et de Gits, en Belgique. En outre, les gares de Maizières-lès-Metz, Longeville-les-Metz, Thionville, etc., ont reçu 7000 kilos de projectiles.
Le repli des troupes italiennes sur des positions assignées, a continué. La destruction des ponts sur l’Isonzo et l’action efficace des troupes de couverture, ont ralenti l’avance de l’ennemi. La cavalerie italienne est entrée en contact avec les avant-gardes ennemies.
Sur le front russe, les Allemands ont essayé, après un violent bombardement, de prendre l’offensive à Laovutsem. Ils ont été repoussés. Dans la région de Riga, ils ont subi un autre échec.
Source : La Grande Guerre au jour le jour