Louis Guédet

Mardi 18 septembre 1917

5h soir  Sorti pour aller acheter un journal, « l’Écho » qui ne m’apprend rien comme toujours. En montant la rue de Vesle rencontré Guichard qui, arrêtant son affaire auto me dit : « Eh ! bien çà va votre affaire, et c’est pour bientôt. » – « Lenoir s’en occupe et doit, dès l’ouverture de la Chambre enlever l’affaire rapidement. Il veut même ne pas venir à Reims officiellement sans avoir une nomination en poche pour la prochaine fournée. » Je l’ai remercié de me dire cela et je lui ai confié ce que je savais et ce que Herbaux et Leroux avaient fait. Il a paru très sensible à ma confidence et paraissait très heureux de m’annoncer cela. Nous nous entendons très bien ensemble.

Ensuite rencontré chez Camuset, banquier, Albert Benoist toujours aussi optimiste. Il me disait que son gendre le capitaine de Montrémy (Marcel Waldruche de Montrémy (1875-1972), époux de sa fille Marie-Madeleine (1884-1977)) avait entendu dire du Général de Castelnau que la Guerre pourrait durer encore bien 2 ans !! D’un autre côté il me rapportait qu’il savait par celui-ci et par une note vue ici à l’État-major que les allemands faisaient devant nous des travaux de repli considérables, comme pour le retrait de la Somme devant Péronne et St Quentin. Puisse cela être exact, et qu’enfin notre malheureuse cité martyre soit délivrée ! Il me confirma aussi qu’on renforçait en ce moment beaucoup notre front ici en vue d’une offensive quelque part à droite ou à gauche de Reims. Pourvu que cela réussisse cette fois sans accrocs, et qu’enfin délivré je sorte sain et sauf de cette épouvantable aventure !!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mardi 18 – Nuit tranquille. 9 h. 30, aéroplane. 11 h. 45 bombes sur batteries. Visite d’un Aumônier militaire (du 2e d’artillerie, je crois) et d’un Docteur médecin chargé du service sanitaire de La Pompelle, cantonné à Ludes depuis mai 1917. Visite de M. Buneau.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Mardi 18 septembre

Actions d’artilleries assez vives, notamment dans la région de la ferme Froidmond, à l’ouest de Craonne et dans le secteur de Massiges.
Après un violent bombardement, les Allemands ont prononcé une attaque sur nos positions de la forêt d’Appremont. Quelques fractions ennemies, qui avaient pris pied dans nos éléments avancés, en ont été rejetées après un vif combat. Notre ligne a été intégralement rétablie.
Un coup de main allemand a été repoussé dans le secteur du Rhône au Rhin; un autre au Violu, dans les Vosges.
Des régiments anglais et écossais ont exécuté avec succès des coups de main sur les positions allemandes, à l’est d’Epehy, aux abords de la voie ferrée Arras-Cambrai et au sud de Gavrelle. Ces opérations ont permis à nos alliés de ramener des prisonniers, de capturer des mitrailleuses et de faire sauter des abris.
Sur le front Italien, dans le val Giudicaria, de petits groupes ennemis ont été dispersés par la fusillade. Sur le plateau de Bainsizza, l’ennemi a tenté, par plusieurs contre-attaques successives, de réoccuper le terrain perdu. Nos alliés ont fait 75 prisonniers.
La flotte anglaise manifeste un regain d’activité dans la mer du Nord.
Kerenski a proclamé la république en Russie. Il a formé un Directoire exécutif de cinq membres.

Source : La Grande Guerre au jour le jour