29 juillet 1916
Chère belle-sœur
Je t’envoie la présente pour te prouver que je ne t’oublie pas malgré mon silence.
Cette carte représente l’œuvre destructrice de ces hideux barbares, et cela n’est rien à côté de certaines autres villes dont il ne reste que des débris.
Je suis en bonne santé et désire que la présente te trouve de même, ainsi que Jeanne et Adèle qui me sont chères. Je n’oublie pas non plus nos bons parents.
Affectueuses amitiés de ton beau-frère.
E. Monnot
Ce courrier témoigne encore qu’il faut rassurer, et du rôle capital de donner des nouvelles, même si ce n’est pas toujours aisé en temps de guerre.
L’envahisseur a définitivement acquis son titre de « barbare »… titre qui ne semble pas usurpé si l’on s’en tient à la carte ci-dessous, représentant Guillaume II, en Hussard de la Mort comme étant « Le chef des Barbares ».
Conflit Européen
Une Vieille Prédiction
Aux pages 521 et 522 de l’Echo du Merveilleux de 1911, on peut lire l’horoscope de Guillaume II examiné par M. R. Larmier. En voici les passages principaux :
- Guillaume II, né à Berlin le jeudi 27 janvier 1859.
- La conjonction de Saturne, de Mars et du Taureau présage : perte des biens, c’est-à-dire pour le cas qui nous occupe : chute de la maison Hohenzollern et de l’empire d’Allemagne en 1913 et 1914.
- Jupiter présage que Guillaume II est le dernier empereur d’Allemagne de la maison des Hohenzollern.
- Le Bélier : coup de tête, violence.
- Enfin, s’il y a la guerre en 1914 entre la France et l’Allemagne, la France sera victorieuse.
Répétons-le : les liens ci-dessus datent d’il y a trois ans, c’est-à-dire d’une époque où l’on ne pouvait penser qu’août 1914 verrait éclater la guerre franco-allemande.
Cette carte date de fin 1914, et on ne doute pas encore que la guerre sera de courte durée, assurant ainsi une rapide victoire de la France… il en sera hélas, un peu autrement, avec un dénouement qui s’est fait attendre, et surtout, au prix de millions de morts !
Les cartes satiriques s’en prenant à Guillaume II (et aux autres), éditées pendant le conflit, ont été très nombreuses, un autre témoignage, haut en couleur :
Un empereur des barbares « crucifié », sous le coq gaulois !!! …la victoire du gallinacé sur le rapace.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à la carte postale rémoise envoyée par M. Monnot… il note dans son texte que ces destructions ne sont rien comparées à d’autres villes, on peut donc se poser la question, à savoir, par où est-il passé avant de venir à Reims ?
La légende de la photo est quant à elle, pour le moins imprécise : « Reims, une rue après le bombardement ».
Il s’agit en fait de la Rue de l’Université, avec sur la gauche le Lycée de Jeunes Filles, visible sur la carte postale ci-dessous, dans son état d’avant-guerre.