Louis Guédet
Samedi 27 mai 1916
623ème et 621ème jours de bataille et de bombardement
8h soir Il y a 53 ans jour pour jour, heure pour heure, je naissais le samedi 27 mai 1863 à 8h du soir… !! Que de souffrances, d’angoisses, de tortures, de pleurs, de misère… toute ma vie n’a été qu’une succession de tout cela ! Je puis dire que je n’ai pas eu un seul instant de bonheur sans être accompagné, dominé par un souci, un tourment. Et cela continue en augmentant, et depuis deux ans presque, quel martyr, quel calvaire ! Si je souffrais seul encore, mais ma femme, mes petits !!
Eux souffrent et je ne puis rien pour eux pour leur avenir. Deux à l’armée ! Ma fillette souffrante, et les 2 plus jeunes André et Maurice avec une jeunesse bien sombre, bien triste. Qu’ai-je donc fait pour voir souffrir les miens, ces malheureux. S’il n’y avait que moi. Triste anniversaire fait et semé de douleur et de tristesse. Non vraiment ce n’est pas juste de souffrir toujours toujours, ce devrait être un peu le tour des autres. Et tant mieux d’avoir bonheur, joie, gloire, honneurs, fortune et prospérité pour mes aimés !! Non c’est trop souffrir.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Samedi 27 – Nuit tranquille. + 14°. Visite du Président Vice président de la Douma de Russie. Colonel du Grand-Quartier Major Général de Paris. Vers 3 h. rafale de 6 ou 8 grosses bombes sifflantes. Item série de minute en minute très au loin, vers 3 h., vers 4 h. Aéroplane français, tir contre lui. Visite à M. Albert Benoist, non trouvé chez lui.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Samedi 27 mai
Dans l’Argonne, nous avons fait exploser une mine avec succès à la Fille-Morte.
Violente canonnade dans la région d’Avocourt et à la cote 304.
Une attaque allemande, qui se préparait à déboucher dans la région du Mort-Homme, a avorté sous nos tirs de barrage.
Sur la rive droite, nous avons repris par une contre-attaque, un élément de tranchée que l’ennemi avait occupé entre bois d’Haudromont et la ferme Thiaumont. Au nord de cette ferme, nous avons progressé à la grenade et fait des prisonniers.
Une forte attaque, que les Allemands ont lancée sur nos tranchées, aux abords du fort de Douaumont, a été repoussée avec de dures pertes.
Les Italiens ont infligé un gros échec aux Autrichiens dans la vallée de Lagarina. La lutte, sur leur front, se développe dans la région d’Asiago.
On signale des émeutes de femmes à Francfort-sur-Mein.
La canonnade s’accentue autour de Salonique, spécialement entre Doiran et Guevgueli.
Source : La Grande Guerre au jour le jour