Louis Guédet
Dimanche 30 avril 1916
596ème et 594ème jours de bataille et de bombardement
7h soir Canon toute la nuit. Journée splendide. Je ne suis sorti que pour aller à la messe de 7h rue du Couchant. Rentré ensuite travailler, rattraper mon retard et mettre à jour mon courrier. C’est fait à 1 ou 2 lettres près. Je viens de les finir. Je suis assez fatigué et surtout fort triste quand je songe aux miens, à ma pauvre femme qui doit être bien désolée du départ de Jean… A ce dernier, que va-t-il devenir ? Comment va-t-il supporter les fatigues du régiment ? Pauvre enfant !… J’ai le cœur en loques !…
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Dimanche 30 – Nuit tranquille, sauf bordées. A 6 h. 1/2 une violente canonnade. Tous les arbres sont feuillés, excepté le cerisier du Japon dont les bourgeons commencent cependant à s’épanouir ; quelques-uns en petit nombre montrent déjà de toutes petites feuilles. L’arbre tourmenté qui est en-dessous du vernis a les bourgeons enflés, mais non encore ouverts. 12 h. bombes sifflent (midi).
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Dimanche 30 avril
Actions d’artillerie particulièrement vives en Belgique (sud de Bixchoote).
En Argonne, un coup de main exécute au nord de Four-de-Paris nous a permis de nettoyer une tranchée adverse et de ramener des prisonniers.
Sur la rive gauche de la Meuse, les Allemands se sont massés au nord de la cote 304 en vue d’une action sur nos lignes. Attaqués aussitôt à la grenade, ils n’ont pu déboucher et se sont dispersés. Bombardement très vif dans la région d’Avocourt et d’Esnes.
Sur la rive droite, les Allemands ont lancé une attaque avec emploi de liquides enflammés sur nos tranchées, à l’ouest de la ferme de Thiaumont. Fauchés par nos tirs, ils ont été repoussés avec de fortes pertes. Nos feux ont également brisé une attaque sur nos positions entre Douaumont et Vaux.
En Lorraine, nous avons repoussé une reconnaissance ennemie au sud de Donesse.
Dans les Vosges, échec d’une attaque allemande à la Chapelotte.
Nos avions ont bombardé une usine à Hayange (Lorraine annexée).
Le général Townshend s’est rendu aux Turcs, en Mésopotamie, après 143 jours de résistance. Il avait avec lui 2970 Anglais et 6000 Hindous : les munitions lui manquaient.
Source : la Grande Guerre au jour le jour.